Au prix de nouvelles concessions d'Athènes, un compromis s'esquissait vendredi sur le prolongement du financement de la Grèce, qui assurerait ainsi sa survie financière pour les mois à venir et son maintien dans la zone euro.
"Nous avons un document de travail et une discussion est en train d'avoir lieu sur les changements à la marge", a confié une source proche des négociations.
"On avance, on avance, on avance", a tweeté le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
Les ministres des Finances de la zone euro ont commencé à examiner en fin de journée "un projet de déclaration de l'Eurogroupe, présenté par son président, Jeroen Dijsselbloem, auquel la Grèce a donné son accord", a confirmé une autre source européenne.
Ce projet indique que la Grèce demande "une extension" de l'accord-cadre d'assistance financière (MFAFA) garantissant sa survie financière et "inclut des éléments qui éclaircissent" ses engagements. Athènes aurait donc accepté d'aller bien plus loin qu'elle ne l'entendait au début des négociations, entamées il y a dix jours.
"Mais des délégations peuvent encore soulever des objections", a tempéré une troisième source.
Pour aboutir à ce document, d'intenses tractations ont eu lieu en amont de la réunion de l'Eurogroupe, qui a été débuté avec plus de trois heures de retard. Une médiation a été menée par la zone euro, le FMI et la Commission européenne avec les ministres allemand et grec des Finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, dont l'inimitié est palpable.
Les discussions sont "compliquées", avait reconnu M. Dijsselbloem, la mine déconfite. "Il y a des raisons d'être optimiste, mais c'est très difficile", avait-il ajouté alors que le programme de financement de la Grèce expire dans huit jours. Faute d'accord, la Grèce risque de se retrouver rapidement à court d'argent, et poussée vers la sortie.
- Sommet européen ? -
"Je ne connais pas de scénario qui aujourd'hui soit une sortie de la Grèce de la zone euro", avait affirmé le président français, François Hollande, à l'issue d'une rencontre à Paris avec la chancelière, Angela Merkel. Il y a "encore un besoin considérable d'amélioration de la substance des propositions pour que nous puissions obtenir un accord au Bundestag", le Parlement allemand, a prévenu cette dernière.
"Nous avons parcouru non pas un kilomètre mais dix, nous attendons maintenant que nos partenaires couvrent le cinquième restant", a lancé M. Varoufakis à son arrivée à Bruxelles. Il a espéré une "fumée blanche à la fin de la journée".
En cas de nouvel échec, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a réclamé la réunion en urgence d'un sommet européen dimanche. Un scénario refusé dans l'immédiat à Bruxelles. Avant, "on doit aller au bout de toutes les options au sein de l'Eurogroupe", a indiqué une source européenne. "Tout sommet de l'euro devrait être préparé de manière approfondie pour faciliter une issue positive pour tous les pays de la zone euro", a-t-elle insisté.
"Un accord n'est pas impératif avant lundi mais le plus vite sera le mieux", a estimé pour sa part le ministre espagnol, Luis De Guindos, laissant entendre qu'un nouvel Eurogroupe pourrait, dans le pire des cas, avoir lieu.
La Grèce veut tourner la page de l'austérité. Mais l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire en Europe, exige que le pays poursuive l'assainissement de ses finances publiques et les réformes structurelles auxquelles elle a été contrainte en échange de 240 milliards d'euros de prêts depuis 2010.
Cette ligne est partagée par d'autres pays, Finlande et pays baltes, mais aussi Espagne, Portugal ou encore Slovaquie, dont le Premier ministre, Robert Fico, a jugé "impossible d'expliquer aux gens qu'il faut donner de l'argent pour les salaires et les retraites des Grecs".
M. Schäuble a derrière lui le gros de l'opinion allemande. Son intransigeance était saluée vendredi par le tabloïd Bild avec un "l'Allemagne dit merci Wolfgang Schäuble!". Selon un sondage, 52% des Allemands trouvent M. Varoufakis et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, "culottés".
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