Souleymane, victime d'un acte raciste mardi dans le métro de la part de supporteurs de Chelsea s'est dit "fier" vendredi des réactions suscitées par cette affaire, ajoutant espérer une "prise de conscience" pour que ce type d'incident ne se reproduise pas.
"De nombreuses personnes de couleur sont confrontées à ce genre d'incidents. Il faut que ça s'arrête", a assuré Souleymane, Franco-Mauritanien de 33 ans, lors d'un entretien accordé à l'AFP dans le bureau de son avocat.
Se disant ému par les marques de soutien reçues depuis mardi, ce père de famille s'est dit "fier" de l'"ampleur" prise par cet incident. "J'espère que ça va aider à la prise de conscience. On n'est pas dans la jungle", a-t-il ajouté.
Mardi soir, ce responsable commercial a été empêché de monter dans une rame de métro à la station Richelieu-Drouot, peu avant le match entre Chelsea et le PSG, au Parc des Princes, par un groupe de supporteurs anglais.
Ces derniers ont revendiqué leur geste, disant ne pas vouloir le laisser entrer en raison de sa couleur de peau. "Nous sommes racistes, nous sommes racistes et on aime ça", ont-ils chanté.
A cet instant, "je me suis senti perdu, j'étais vraiment perdu", raconte Souleymane. "J'ai tout de suite compris que c'était un acte raciste mais que vouliez-vous que je fasse?" ajoute le trentenaire, qui ne souhaite pas donner son patronyme pour protéger sa famille.
Aujourd'hui, "je suis toujours en colère", précise ce père de trois enfants, qui assure avoir déjà été confronté à plusieurs reprises ces dernières années à des insultes et actes racistes.
"Heureusement" que cette fois-ci, "une personne a filmé" la scène. Sinon, "rien ne serait sorti, j'aurais avalé la pilule, comme d'habitude", ajoute cet habitant du Val-d'Oise, qui dit désormais vouloir "que la justice soit faite".
Les faits, révélés dans une vidéo filmée par un voyageur britannique du métro et publiée mercredi sur le site du quotidien The Guardian, ont provoqué une vague d'indignation en France comme en Angleterre.
Sur Twitter, le Premier ministre Manuel Valls s'est dit "indigné par le témoignage de Souleymane". "Sur le terrain ou en dehors des stades, le racisme et l'intolérance n'ont pas leur place", a-t-il écrit.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "violences volontaires en raison de la race dans un moyen de transport collectif", tandis que la Ligue de football professionnelle (LFP) a dit vouloir se porter partie civile.
"On espère qu'il y aura un procès en France. Il faut qu'on en fasse un exemple, et que certaines personnes réfléchissent à leur attitude, à la portée de leurs propos", assure Me Jim Michel-Gabriel, avocat de la victime.
"Ce qu'a vécu Monsieur Souleymane, c'est un peu Rosa Parks à l'envers. Rosa Parks, on lui demandait de sortir du bus, lui il veut rentrer dans le bus. Mais on est en 2015, on est à Paris", ajoute l'avocat.
Rosa Parks est devenue un symbole du mouvement des droits civiques et contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis lorsque cette femme noire a refusé en 1955 de céder sa place assise à un passager blanc dans un autobus, comme le prévoyait le règlement de la compagnie, ce qui avait entraîné son arrestation.
Le club londonien de Chelsea a d'ores et déjà identifié trois suspects, grâce à un appel à témoins. Ils ont été temporairement interdits de stade jeudi et encourent une interdiction à vie.
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