La petite île italienne de Lampedusa, en première ligne face à l'afflux de migrants venus de Libye, a retrouvé son calme après les milliers d'arrivées de ces derniers jours, mais les responsables sur place s'attendent au pire.
Le centre d'accueil des migrants s'est peu à peu vidé et n'abritait plus jeudi "que" 550 migrants, selon Flavio di Giacomo, le porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le centre construit pour héberger au maximum 400 personnes a vu sa capacité réduite de moitié par rapport à la situation critique y a quelques jours.
Les transferts des migrants se sont accélérés ces derniers jours, 600 d'entre eux ont quitté l'île par bateau ou avion pour rejoindre les différents centres d'accueil pour réfugiés installés un peu partout en Italie.
Ce calme pourrait cependant n'être que de courte durée. "On s'attend à énormément d'arrivées", prévient Flavio di Giacomo. "La situation en Libye est extrêmement dangereuse pour les migrants, en particulier ceux de l?Afrique subsaharienne. Ils ne peuvent même pas marcher dans la rue sans risquer de se faire tabasser, voire se faire tuer sans aucune raison", explique le porte-parole de l?OIM. Dans ces conditions, "ils n'ont pas d'autre choix que de s'embarquer et de venir en Europe", ajoute ce responsable. Ils y sont d'ailleurs souvent obligés par les passeurs, sous la menace des armes, lorsque le temps paraît si mauvais que les migrants ont peur pour leur vie pendant la traversée.
- "Pas de maman, pas de papa" -
Et certains ne sont encore que des enfants. "Pas de maman. Pas de papa. Tout seul", répond à l'AFP Tenjin, Erythréen de 11 ans, l?un des plus jeunes migrants de Lampedusa. Les adultes sont quasiment tous partis, et ne restent que quelques enfants seuls dans les rues de l?île. Interrogée sur leur avenir, Giovanna di Benedetto, porte-parole de l'association Save The Children (Sauvez les enfants), explique qu'ils vont "rejoindre différents centres pour mineurs situés un peu partout en Italie où ils entameront une procédure d'intégration".
"Dans notre pays, il n?y a pas de paix. Nous n?avons pas d?éducation. Donc, pour pouvoir être éduqué et avoir la paix, j?ai voyagé et je suis parti pour aller dans ce pays", en Italie, explique Omar, qui ne veut pas dire son âge, venu de Somalie.
Certains aimeraient partir plus au Nord, où les attendent des amis de leurs familles, des oncles, des tantes. Mais "celui qui arrive en Italie reste en Italie", prévient Giovanna Di Benedetto. Les accords européens, dits accords de Dublin, obligent les réfugiés à déposer leur demande d?asile politique dans le pays où ils arrivent.
Encore étrangers à ces subtilités de la législation européenne, les migrants encore présents à Lampedusa ont retrouvé le sourire. Abdinajib, jeune Somalien de 15 ans, cherche le supermarché, un billet de 5 euros dans la main.
D'autres essaient de se rendre utiles coûte que coûte. Quelques-uns ont ainsi décidé d'aider les agents communaux à arracher les mauvaises herbes sur la route. "Ils nous ont pris les pioches des mains, on n?a rien pu faire. Ils veulent absolument travailler", expliquent-ils, d?un ton amusé.
La petite île, qui vit au rythme de ces arrivées de migrants depuis des mois, redoute néanmoins un afflux massif avec le retour du beau temps et surtout la détérioration de la situation en Libye.
Au moins 3.800 migrants africains partis de Libye ont été secourus en mer Méditerranée depuis vendredi, ce qui dépasse déjà largement le total du mois de février 2014, une année pourtant record, selon le décompte de l'OIM.
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