L'Assemblée a rejeté sans surprise jeudi la motion de censure contre le gouvernement, démontrant ainsi l'absence de "majorité alternative" selon Manuel Valls, qui a promis de "continuer sans relâche à réformer" en dépit des fractures à gauche.
L'épilogue du feuilleton sur la loi Macron, avec le rejet annoncé de la motion de censure contre le gouvernement, s'apparente à un jeu politique sans grande surprise pour la presse vendredi.
Au surlendemain de la folle journée qui a ébranlé la majorité, la motion de censure UMP-UDI, conséquence du recours à l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer le projet de loi Macron sans vote, n'a recueilli que 234 voix, là où il en aurait fallu 289 pour faire chuter le gouvernement. Le projet de loi est donc adopté en première lecture et sera débattu au Sénat en avril.
Les 198 députés UMP ont voté pour la motion, mais seulement 23 des 30 UDI, six des dix Front de gauche, six non-inscrits -dont les deux FN- et une apparentée écologiste. Écologistes et "frondeurs" PS, qui s'apprêtaient en grande partie à voter contre le projet de loi Macron mardi, avaient exclu de voter la censure.
Défendant la motion, le patron des députés UMP Christian Jacob a vivement interpellé Manuel Valls. "Vous êtes à la merci de votre majorité", "ce n'est plus vous qui pilotez", lui a-t-il notamment lancé.
Dans sa réponse, également vigoureuse et fréquemment interrompue sur les bancs de l'opposition, Manuel Valls a justifié l'engagement du 49-3, "un acte d?autorité" face "à l'irresponsabilité, l?immaturité de certains" dans une allusion aux frondeurs PS.
"L?autorité, c?est assumer ses responsabilités quand l?intérêt supérieur de la Nation l?exige", a-t-il répété alors que l'exécutif a fait de ce texte un gage à la Commission européenne de sa volonté réformatrice.
En présence de la plupart des membres de son gouvernemental, dont Emmanuel Macron, le Premier ministre a réitéré son appel à "entretenir l'esprit du 11 janvier" post-attentats, marqué par la cohésion nationale et la retenue des attaques politiques, et rejeté les accusations de l'opposition d'utiliser politiquement un "esprit magique et insaisissable" ou encore de faire "le coup" des valeurs républicaines.
Si le rejet de la motion de censure marque la fin d'une folle semaine, ou simplement "d'une péripétie parlementaire" pour le chef de file du groupe PS Bruno Le Roux, l'épisode va laisser des traces profondes.
Manuel Valls ne pourra ainsi plus utiliser l'article 49-3 sur un autre texte que la loi Macron d'ici la fin de la session ordinaire en juin. Même si, de fait, il n'y a plus de texte économique clivant pour la majorité attendu pendant cette session hormis la nouvelle lecture sur le projet de loi Macron en mai/juin.
"Pour votre gouvernement, c?est au mieux le début de l?immobilisme, au pire le début de la fin", a estimé M. Jacob. Le chef de file des députés UDI, Philippe Vigier, a affirmé que "le quinquennat s'est arrêté mardi à 16H25", au moment où Manuel Valls a engagé sa responsabilité.
- Climat houleux à gauche -
Le chef de file des députés du Front de gauche, André Chassaigne, a réclamé de son côté "un nouveau gouvernement qui puisse réunir l?ensemble des forces de gauche", en justifiant ainsi le vote de la motion de censure UMP-UDI par une "majorité" de son groupe, ce qui a provoqué de forts remous en interne.
Quant au climat à l'intérieur de la majorité, il reste des plus houleux, certains comme le député Christophe Caresche appelant au départ des frondeurs du groupe PS, une option rejetée par les responsables socialistes.
Tout en disant "clairement que les écologistes ne sont pas dans l?opposition", leur coprésident François de Rugy a appelé à renouer le "dialogue dans toute la majorité" en évitant "une bataille stérile de stigmatisations".
Tout en réaffirmant sa "confiance" en Manuel Valls car "le temps n'est pas aux divergences", le chef de file des radicaux de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg a appelé Emmanuel Macron, d'ici la nouvelle lecture de son texte, à "poursuivre le dialogue avec les parlementaires" sur les contreparties salariales au travail dominical, qui a été le point de crispation et de non-retour entre le gouvernement et les frondeurs ce week-end.
Les députés de la majorité se retrouvent en revanche sur l'impact négatif de cette semaine auprès de leur électorat à un mois des élections départementales. "Le 22 mars, dans les urnes, les Français vous censureront", a prédit M. Jacob.
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