Sacs de sable, enrochements, barrières, digues rehaussées: certaines communes littorales de l'ouest de la France, en particulier dans le département de la Manche, sont sur le pied de guerre pour affronter les fortes marées annoncées à partir de vendredi, dont l'impact dépendra toutefois de la météo.
"Bien sûr que je suis inquiet, même si la météo est plutôt rassurante et que nous avons mis en place un dispositif exceptionnel, avec plus d'une centaine de sacs de sable au pied de la dune pour la conforter. Mais la nature est forte", confie à l'AFP Alain Bachelier, maire de Saint-Jean-le-Thomas, où près de 140 maisons construites sous le niveau de la mer sont menacées si le cordon dunaire est franchi.
Cette petite commune se trouve dans la baie du mont Saint-Michel, qui connaît les plus fortes variations de hauteurs d'eau en France et parmi les plus fortes du monde. Samedi, le niveau de l'eau va ainsi y monter de près de 15 mètres contre cinq mètres par exemple à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée). L'impact de cette montée dépend de la météo, en particulier des vents.
Mais c'est tout un cycle de marées hautes, qui ne revient que tous les 18 ans, que s'apprêtent à affronter les communes littorales en 2015. Le coefficient de marée va ainsi monter à 118 vendredi soir et 119 le 21 mars, pour la soi-disant "marée du siècle". Au total, le coefficient sera supérieur à 100 pendant quarante jours en 2015.
Si certains élus sont plus que jamais sur le pied de guerre, c'est qu'en 20 ans la côte s'est érodée. A Saint-Jean-le-Thomas, la mer arrive désormais à 30 mètres des habitations, après un recul de la côte de 350 mètres depuis 1947. Dans son ensemble, la côte ouest du département de la Manche est l'une des plus fragiles de France en termes d'érosion, selon l'Université de Caen, surtout quand de fortes marées se succèdent plusieurs jours de suite.
- Déverser des cailloux -
De nombreuses autres communes littorales ont aussi disposé des sacs de sable sur leurs zones les plus fragiles, comme Saint-Gilles-Croix-de-Vie ou Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Sur l'île d'Oléron, en Charente-Maritime, c'est un barrage gonflable de 700 mètres de long qui a été mis en place le long d'un chenal en prévisions des fortes marées.
A quelques kilomètres au nord de Saint-Jean-le-Thomas, le maire d'Agon-Coutainville, Christian Dutertre, n'est "jamais tranquille" à la veille de grandes marées, mais il se dit tout de même "assez serein". Car avec deux communes voisines, il a prévu deux camions pour aller déverser des cailloux si la mer ouvre une brèche dans la dune et inonde une route. "En janvier, pour recharger la dune en sable, nous avons en outre déversé 4.000 tonnes. Et puis nous avons installé tous les 50 mètres des fascines, des pieux à moules reliés par des branches de saules, un système néerlandais pour retenir le sable", ajoute l'élu.
Reste que Franck Levoy, professeur à l'Université de Caen qui suit les phénomènes d'érosion sur le littoral, doute de l'efficacité de tous ces dispositifs -sacs ou barrières- qui risquent d'être emportés par la mer.
Un peu plus au nord encore, Pierre Gehanne, le maire de Barneville-Carteret, pense être "tranquille" pour les années à venir. Il a obtenu les financements (un million d'euros) pour renforcer l'an dernier sa côte avec 25.000 tonnes de cailloux et 26.000 m3 de sable. Les digues ont en outre été rehaussées de 50 cm dans un havre où l'eau menace au moins une centaine de maisons.
Les grandes marées font le bonheur des pêcheurs à pied lorsque la mer se retire, mais les autorités mettent en garde les touristes qui devraient venir nombreux admirer la pleine mer pendant le week-end.
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