Malicieux et humble, le peintre belge Pierre Alechinsky, 87 ans, a présenté jeudi à Madrid la première rétrospective consacrée à ses oeuvres sur papier en Espagne, un support qu'il couvre d'encre de Chine, peint, chiffonne et réutilise à l'envi.
"Le pinceau ne ment pas, il est moi-même et si on n'y voit pas quelque chose d'ironique ou de risqué, c'est tout simplement qu'on n'est pas visuel", a-t-il déclaré lors de la présentation de l'exposition "Pierre Alechinsky sur papier", qui exhibe 140 de ses oeuvres au Cercle des Beaux-Arts de Madrid, jusqu'au 17 mai.
Espiègle alors qu'il recevait la médaille d'or du Cercle, -"ce n'est pas n'importe quelle médaille, ce n'est pas comme pour un concours agricole" -, Pierre Alechinsky, né en 1927 à Bruxelles, a livré ses souvenirs sur les oeuvres présentées.
L'artiste, membre du groupe d'artistes issus du surréalisme Cobra, crée en 1948 puis installé à Paris en 1951, a ainsi détaillé ses "estampages" de plaques d?égout, consistant à prélever à même le sol de New York (1985) ou d'Arles (1986) le dessin du relief de la plaque en métal.
"On est à hauteur de chien, on est à quatre pattes, avec un outillage très simple: de petites brosses, du papier de chine, un bol d'encre de Chine", raconte-t-il, comparant sa méthode à lorsque "nous étions gosses. Nous frottions une pièce de 25 centimes" pour faire apparaître son dessin sur la feuille.
"Je trouvais une image qui était peu vue, puisque tout le monde marche dessus sans regarder", confie-t-il à l'AFP en visitant l'exposition.
"Tout d'un coup, on s'aperçoit que dans nos rues, il y a une iconographie secrète qui est très belle mais qui disparaît de plus en plus", remarque-t-il d'une voix vive.
Pièce maîtresse de son oeuvre, ayant inspiré un poème éponyme au Mexicain Octavio Paz, "Central Park" ouvre le parcours.
Peint en 1965, ce tableau est le premier où l'artiste a dessiné une bordure, composée de vignettes parfois inquiétantes, à l'encre noire de Chine, qui encadrent un monstre aux couleurs vives, une "bête d'herbe dormant avec les yeux ouverts", décrit Octavio Paz.
D'autres oeuvres, bien plus petites, sont aussi à l'honneur à Madrid et témoignent des multiples supports utilisés par l'artiste: papier du Japon, de Chine, vieilles factures du début du siècle ou cartes de géographie qu'il détourne en peignant par dessus.
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