Athènes a fait des concessions jeudi pour obtenir la prolongation de son financement international, jugées aussitôt insuffisantes par Berlin, qui a douché les espoirs de compromis à la veille d'une réunion décisive à Bruxelles.
Le gouvernement grec a envoyé jeudi sa demande d'extension de l'accord d'assistance financière que ses créanciers européens le sommaient d'accepter avant la fin de la semaine. Elle sera discutée vendredi lors d'une réunion de l'Eurogroupe, la troisième en moins de dix jours.
Dans sa lettre, le gouvernement de gauche radicale accepte finalement de demander une "extension" du programme de prêt en cours, alors qu'il avait longtemps plaidé pour le remplacer par un nouvel "accord-relais" temporaire de quatre à six mois.
Il accepte également la "supervision" de ses créanciers (UE, BCE et FMI), même s'il n'utilise plus le terme "troïka". Et il s'engage à "financer pleinement toute nouvelle mesure tout en s'abstenant de toute action unilatérale qui saperait les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière", tout en introduisant une "flexibilité" permettant de revenir sur l'austérité.
Mais le ministère des Finances allemand a rejeté cette proposition en estimant qu'elle ne représentait "pas une solution substantielle" et ne répondait pas aux critères fixés par la zone euro. Parmi eux, figurent l'engagement à ne pas détricoter les réformes déjà engagées, à ne pas mettre sur les rails de nouvelles réformes qui pèseraient sur les finances publiques grecques, ou encore un engagement d'Athènes à rembourser tous ses créanciers.
Dans une réaction visant directement Berlin, le gouvernement grec a estimé que la réunion de vendredi "laissera apparaître qui veut une solution et qui n'en veut pas". "C'est à la fin qu'on verra comment se joue la partie", a souligné un responsable européen, alors qu'un échec des négociations rapprocherait la Grèce de la faillite et d'une sortie de la zone euro.
"Il n'y a plus que l'Allemagne", qui bloque, a estimé une source européenne. "Il y a un vrai problème de personnes" entre le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, et son homologue grec, Yanis Varoufakis, a-t-elle insisté. Pour le Premier ministre français, Manuel Valls, une "solution" est "possible et très rapidement".
- 'Mémorandum' ou 'MFAFA' ? -
Après le blocage à deux reprises des négociations ministérielles, des contacts ont eu lieu au plus haut niveau entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, mais aussi d'autres dirigeants, parmi lesquels la chancelière Angela Merkel. M. Tsipras a aussi cherché des soutiens auprès des dirigeants français et italien, mais sans succès.
Un Euro Working Group, l'instance qui réunit les hauts fonctionnaires de la zone euro, se tenait jeudi après-midi pour préparer la réunion de vendredi.
Le gouvernement grec a contourné l'obstacle du débat sémantique sur l'extension du "prêt" ou du "mémorandum", en ayant recours à un troisième instrument, l'accord cadre d'assistance financière (MFAFA en anglais), signé entre la Grèce et le Fonds de soutien de la zone euro (EFSF).
"Le MFAFA est le terme utilisé pour décrire le programme dans sa forme existante", a indiqué le porte-parole de la Commission, sans préciser s'il inclut une partie des mesures d'austérité rejetées par le nouveau gouvernement grec.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui se pose avec M. Juncker en "médiateur", se dit certain qu'il existe des "marges de man?uvre".
Mais l'ancien président français, Valéry Giscard d'Estaing, un grand Européen, a prôné un "friendly exit" (sortie amicale), affirmant que la Grèce "ne peut régler ses problèmes que si elle retrouve une monnaie dévaluable". Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre "la période difficile" qui attend la Grèce si un accord n'était pas trouvé.
De son côté, la BCE est venue au secours de la Grèce en décidant mercredi de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d'urgence accordés aux banques, et de relever à 68,3 milliards d'euros leur plafond, moins toutefois que ce qu'Athènes espérait.
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