François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko ont appelé jeudi à poursuivre la mise en oeuvre des accords de Minsk malgré les ruptures du cessez-le-feu constatées dans l'Est rebelle de l'Ukraine, notamment à Debaltseve abandonnée par l'armée ukrainienne au prix de lourdes pertes.
Les quatre dirigeants, qui se sont entretenus par téléphone dans la matinée, ont critiqué les violations de la trêve décrétée dans la nuit de samedi à dimanche mais sont convenus, selon un communiqué du Kremlin, "de mettre en ?uvre avec rigueur l'intégralité de la série de mesures agréée le 12 février à Minsk", qui prévoit un cessez-le-feu total, le retrait des armes lourdes et la libération des prisonniers.
Au cours de cette réunion, le président ukrainien a pourtant insisté sur les combats ayant touché Debaltseve, réclamant des "garanties claires" en cas de nouvelles "violations des accords" par les rebelles, selon un communiqué publié par ses services.
Car l'armée ukrainienne, chassée de Debaltseve par les rebelles prorusses après de violents affrontements, a reconnu avoir subi de lourdes pertes mercredi. Au moins 13 soldats ont été tués et 157 blessés, mais surtout Kiev est sans nouvelles de 82 soldats portés disparus, a annoncé le service de presse de l'armée.
Au moins 90 soldats ont par ailleurs été faits prisonniers, tandis que des combats continuent autour de Debaltseve. "Il y a encore des unités de la garde nationale. On fouille immeuble par immeuble. Des soldats sont cachés, certains sont dans les bois et ont peur de se rendre", a déclaré à l'AFP Alexandre Aphendikiov, un chef rebelle nommé "maire" de Debaltseve mercredi.
Toutefois le territoire contrôlé par les rebelles est désormais relativement homogène, la jonction entre les territoires séparatistes de Lougansk et de Donetsk étant assurée par la prise de Debaltseve, noeud ferroviaire majeur de la région.
Sitôt rendue publique la conquête de la ville, les rebelles avaient même affirmé avoir commencé à retirer leurs armes lourdes du front, conformément aux accords de "Minsk 2" qu'ils avaient pourtant violés en ne respectant pas le cessez-le-feu censé s'appliquer à partir de dimanche. Toutefois, les rebelles continuaient de tirer à coups de lance-roquettes multiples, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP à 4 km de Debaltseve sans pouvoir déterminer sur qui ils tiraient.
- Pas de forces de maintien de la paix -
Petro Porochenko avait réclamé mercredi soir l'envoi d'une mission policière de l'UE sous mandat de l'ONU pour surveiller la frontière russo-ukrainienne, poreuse, et la ligne séparant l'Ukraine des territoires séparatistes.
Ce serait "la meilleure option () pour garantir la sécurité, dans une situation où le cessez-le-feu n'est respecté ni par la Russie, ni par ceux qui la soutiennent", avait affirmé Petro Porochenko.
Mais jeudi, le haut responsable séparatiste de Donetsk, Denis Pouchiline, a opposé une fin de non-recevoir à la demande ukrainienne, estimant qu'elle serait en infraction avec les accords de Minsk.
Pour M. Pouchiline, le contrôle de la frontière russo-ukrainienne, par laquelle Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de faire transiter des armes à destination des rebelles, doit faire l'objet d'une médiation une fois que des élections locales auront été organisées dans l'est et une réforme constitutionnelle mise en place en Ukraine.
Sans surprise, la position des séparatistes rejoint celle de Moscou. M. Porochenko cherche à "détruire les accords de Minsk" en demandant des forces de maintien de la paix, a accusé l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine.
- L'Ouest réclame l'application du cessez-le-feu -
Pour sa part, Washington se veut optimiste et estime que l'accord de cessez-le-feu du 12 est toujours d'actualité. "Nous ne considérons pas qu'il est caduc", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, lors d'un briefing au cours duquel elle a fait état d'une nouvelle conversation téléphonique entre le secrétaire d'Etat John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov.
John Kerry a exhorté M. Lavrov à faire totalement respecter le cessez-le-feu, a précisé Mme Psaki.
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