Athènes a fait d'importantes concessions jeudi pour obtenir la prolongation de son financement international, jugées aussitôt insuffisantes par Berlin qui a douché les espoirs de compromis à la veille d'une réunion décisive à Bruxelles.
Dans la matinée, le gouvernement grec a envoyé sa demande d'extension pour six mois. Le patron de l'Eurogroupe a immédiatement confirmé avoir reçu la lettre.
Dans la lettre, le gouvernement de gauche radicale accepte la supervision des ses créanciers (UE, BCE et FMI), même s'il n'utilise plus le mot "troïka", une concession majeure pour Athènes. Et il s'engage à "financer pleinement toute nouvelle mesure tout en s'abstenant de toute action unilatérale qui saperait les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière".
Mais le ministère des Finances allemand a fait monter la tension en milieu de journée en estimant que la requête ne représentait "pas une solution substantielle" et ne répondait pas aux critères fixés par la zone euro. Parmi eux figurent l'engagement à ne pas détricoter les réformes déjà engagées, à ne pas mettre sur les rails de nouvelles réformes qui pèseraient sur les finances publiques grecques, ou encore un engagement d'Athènes à rembourser tous ses créanciers.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, devrait faire voter vendredi une série de lois sociales pour desserrer l'étau de la rigueur.
Un Euro Working Group, l'instance de la zone euro au niveau des hauts fonctionnaires, devait se réunir dans l'après-midi pour évaluer la requête grecque et préparer une troisième réunion en 10 jours des ministres des Finances vendredi.
Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, s'était montré "optimiste" mercredi. "Nous sommes sur la bonne voie. () Notre proposition sera écrite de telle manière qu'elle conviendra à la partie grecque et à la direction de l'Eurogroupe", avait-il assuré.
- 'Prêt, mémorandum, MFAFA' -
Après le blocage à deux reprises des négociations au niveau des ministres, des contacts ont eu lieu au plus haut niveau entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, mais aussi d'autres dirigeants, parmi lesquels la chancelière Angela Merkel.
Le gouvernement grec a contourné l'obstacle du débat sémantique sur l'extension du "prêt" ou du "mémorandum", en ayant recours à un troisième instrument, l'accord cadre d'assistance financière (MFAFA en anglais), signé entre la Grèce et le Fonds de soutien de la zone euro (EFSF).
Refusant d'indiquer si cet accord incluait ou pas le "mémorandum" et toutes les mesures d'austérité rejetées par le nouveau gouvernement grec, le porte-parole de la Commission a estimé que "le MFAFA est le terme utilisé pour décrire le programme dans sa forme existante".
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui se pose avec M. Juncker en "médiateur", se dit certain qu'il existe des "marges de man?uvre". Il est "très important que nous fassions tous les efforts nécessaires pour éviter une rupture qui serait absurde et dommageable pour les uns et les autres".
Alors qu'une absence de compromis d'ici la fin du mois risque de précipiter la Grèce hors de la zone euro, l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, Européen convaincu, a prôné un "friendly exit" (sortie amicale), affirmant que le pays "ne peut régler ses problèmes que si elle retrouve une monnaie dévaluable".
Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre "la période difficile" qui attend la Grèce si un accord n'était pas trouvé.
De son côté, la BCE est venue au secours de la Grèce en décidant mercredi de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d'urgence accordés aux banques, et de relever à 68,3 milliards d'euros leur plafond, moins toutefois que ce qu'Athènes espérait.
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