Athènes et la zone euro se débattaient jeudi pour trouver in extremis une formule de compromis sur la poursuite du financement de la Grèce, qui a envoyé la demande formelle d'extension de son prêt.
"La demande a été envoyée", a indiqué une source gouvernementale, sans préciser le contenu précis de la requête qui sera examinée dans l'après-midi par les partenaires européens de la Grèce.
"Ai reçu la demande grecque pour une extension de six mois", a annoncé peu après sur son compte Twitter le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, en ne donnant lui non plus aucun détail.
Selon ce qu'a martelé le gouvernement grec ces dernières heures, cette demande doit porter sur une prolongation de l'accord de prêt conclu entre Athènes et ses créanciers (UE-BCE-FMI), mais non explicitement du "memorandum" qui lui est associé et prescrit au pays de rigoureuses mesures d'austérité.
Un Euro Working Group, l'instance de la zone euro au niveau des hauts fonctionnaires, doit se réunir à partir de 15H00 (14H00 GMT) pour évaluer cette requête et préparer une réunion des ministres des Finances qui doit se tenir vendredi.
"Nous sommes sur la bonne voie, dans un climat d'optimisme", avait déclaré mercredi le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. "Notre proposition sera écrite de telle manière qu'elle conviendra à la partie grecque et à la direction de l'Eurogroupe", a-t-il assuré.
Après le blocage des négociations au niveau des ministres, des contacts ont eu lieu au plus haut niveau entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
Derrière le débat sémantique sur extension du "prêt" ou du "programme", se cache une vraie divergence de fond. La Grèce veut demander une extension de son financement, assorti de certaines conditions, alors que ses partenaires insistent sur la nécessité de se baser sur le programme actuel, à partir duquel pourraient être trouvés des "flexibilités".
- 'Friendly exit' ? -
La requête d'Athènes ne devrait donc pas inclure la dernière série de mesures d'austérité du "mémorandum" qui prend fin le 28 février, comme une hausse de la TVA ou un assouplissement du droit du travail.
Mais la pression est forte du côté de l'Allemagne, qui se pose en gardienne de l'orthodoxie. "La solidarité n'est pas à sens unique", a prévenu la chancelière allemande, Angela Merkel, mercredi soir lors d'une réunion électorale, selon la presse allemande. Une extension de l'aide est "indissociable" de la réalisation des réformes prévues dans l'accord signé en 2010 et renouvelé en 2012, a insisté un porte-parole du gouvernement.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui se pose en "médiateur", se dit certain qu'il existe des "marges de man?uvre". Il est "très important que nous fassions tous les efforts nécessaires pour éviter une rupture qui serait absurde et dommageable pour les uns et les autres", a-t-il plaidé.
Alors qu'une absence de compromis d'ici la fin du mois risque de précipiter la Grèce hors de la zone euro, l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, un des pères de la monnaie unique, a prôné un "friendly exit" (sortie amicale), affirmant que le pays "ne peut régler ses problèmes que si il retrouve une monnaie dévaluable".
Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre "la période difficile" qui attend la Grèce si un accord n'était pas trouvé.
M. Tsipras a l'intention de soumettre au Parlement jeudi une série de lois sociales pour desserrer l'étau de la rigueur, au lendemain de l'élection d'un nouveau président, Prokopis Pavlopoulos. Ce conservateur au profil européen, choisi par un gouvernement de gauche radicale, avait pris ses distances avec les plans d'austérité imposés à son pays.
De son côté, la BCE est venue une nouvelle fois au secours de la Grèce en décidant mercredi de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d'urgence accordés aux banques, et de relever à 68,3 milliards d'euros leur plafond.
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