Athènes déposera finalement jeudi sa demande d'"extension du financement" européen, affichant son optimisme même si le bras de fer en cours avec ses créanciers internationaux a réveillé les craintes d'une sortie du pays de la zone euro.
Au Parlement, le pays au bord de la faillite s'est doté mercredi soir d'un président au profil à la fois européen et rassembleur, Prokopis Pavlopoulos, 64 ans, élu par 233 députés sur 300.
Le choix de ce conservateur pour présider la Grèce, fait par un Premier ministre de gauche radicale, Alexis Tsipras, respecte une tradition ancrée depuis une vingtaine d'années, garante d'unité nationale.
Dans ce cas précis, le nouveau président avait pris ses distances avec les plans d'austérité imposés à la Grèce en échange d'une bouée financière internationale.
"Notre objectif est de lutter non seulement pour la Grèce, mais aussi pour l'Europe qui doit retrouver ses principes et ses valeurs", avait déclaré M. Pavlopoulos mardi.
Face à l'ultimatum de la zone euro donnant au gouvernement d'Alexis Tsipras jusqu'à vendredi pour solliciter la poursuite du programme d'aide arrivant à échéance au 28 février, Athènes doit adresser jeudi une lettre au chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, pour demander le prolongement de six mois du "financement" accordé par l'Europe au pays en crise, mais pas du programme lui-même.
- 'Sur la bonne voie' -
"Nous sommes sur la bonne voie, dans un climat d'optimisme", a déclaré le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis mercredi soir à Athènes. "Notre proposition sera écrite de telle manière qu'elle conviendra à la partie grecque et à la direction de l'Eurogroupe", a-t-il assuré, une remarque importante alors que personne n'a encore trouvé ces derniers jours un langage qui réconcilie les deux parties.
Néanmoins cette requête ne devrait pas inclure la dernière série de mesures d'austérité du "mémorandum" (programme d'aide) en cours d'achèvement qu'Athènes refuse de mettre en oeuvre, comme une hausse de la TVA ou un assouplissement du droit du travail.
Berlin a de son côté sèchement rappelé qu'une extension de l'aide à la Grèce était "indissociable" de la réalisation des réformes prévues dans l'accord signé en 2010 et renouvelé en 2012.
"Il n'est pas acceptable et il ne sera pas accepté qu'on se lance dans une extension sans mise en oeuvre des réformes convenues, les deux choses sont indissociables", a déclaré Martin Jäger, porte-parole du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, s'est montré moins tranchant : "Il est très important que nous fassions tous les efforts nécessaires pour éviter une rupture qui serait absurde et dommageable pour les uns et les autres", a-t-il déclaré à la radio belge RTL, soulignant "des marges de manoeuvre" dans les négociations.
Mercredi soir, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a aussi semblé accommodant en se disant "persuadé que le dialogue en cours va aboutir", sur la chaîne de télévision française iTélé.
Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre "la période difficile" qui attend la Grèce si un accord n'était pas trouvé avec l'Union européenne sur le financement du pays, sous tutelle internationale depuis 2010.
Pour sa part l'agence de notation Fitch a jugé que la "stratégie de la corde raide" en cours entre Athènes et ses créanciers était dangereuse pour la Grèce.
- Eviter la rupture -
Le Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras a reconnu au cours d'une rencontre avec le président de la République sortant Carolos Papoulias que les tractations avec la zone euro "se trouvent à un point crucial" mais qu'il espérait "surmonter" les obstacles actuels.
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