Air France-KLM a enregistré de nouvelles pertes l'an passé sous l'effet de la grève de ses pilotes et, s'il a nettement amélioré sa compétitivité, le groupe franco-néerlandais se montre prudent pour 2015 en raison d'un environnement difficile.
La perte nette a été ramenée à 198 millions d'euros contre 1,82 milliard d'euros en 2013, selon un communiqué publié jeudi.
Son résultat d'exploitation replonge dans le rouge (-129 millions d'euros contre +130 millions un an plus tôt). Mais hors impact de la grève, il aurait plus que doublé.
Si son excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est contracté de 14,3% à 1,58 milliard, il aurait progressé de 8,6% en l'absence de mouvement social.
Le numéro 2 européen derrière l'allemand Lufthansa a vu son chiffre d'affaires reculer de 2,4% à 24,9 milliards sous l'effet de la grève et de la pression sur les prix des billets.
En septembre, l'activité du groupe avait été perturbée par une grève historique de 14 jours des pilotes d'Air France, qui s'opposaient au développement de la filiale à bas coûts Transavia. L'impact de ce conflit est estimé à 425 millions sur le résultat d'exploitation.
Dans le détail, l'entité française Air France a enregistré une perte d'exploitation de 314 millions contre 174 millions en 2013. Elle aurait enregistré un bénéfice de 99 millions sans la grève.
De son côté, le bénéfice d'exploitation de la composante néerlandaise KLM a chuté de 41,8% à 175 millions en raison de la diminution de la recette unitaire et de l'augmentation de ses coûts.
Au niveau du groupe, la direction souligne avoir réduit pour la troisième année consécutive ses coûts unitaires (-1,3% en données comparables).
"L'environnement économique a été difficile et contrasté", a résumé le PDG Alexandre de Juniac, en relevant les difficultés économiques en Amérique Latine ou des crises structurelles comme Ebola en Afrique ou l'insécurité dans un certain nombre de pays.
Si le trafic s'est plutôt bien tenu sur l'Atlantique Nord grâce à sa joint-venture avec l'américain Delta Air Lines, et en Asie, Air France-KLM a souffert des surcapacités importantes régnant sur certains de ses autres marchés, se traduisant par des baisses de prix importantes.
- Interrogations sur la recette unitaire -
Le dirigeant a également souligné qu'en Europe, la concurrence des compagnies à bas coûts était toujours très forte.
"L'environnement économique a sensiblement évolué puisque, après plusieurs mois de stabilité de la facture pétrolière, le pétrole a commencé a baissé de manière significative ainsi que l'euro, modifiant assez sensiblement les paramètres de notre activité économique", a par ailleurs noté Alexandre de Juniac.
Le directeur financier, Pierre-François Riolacci a souligné que l'effet positif de 160 millions d'euros de la baisse du pétrole avait été entièrement absorbé par l'effet de change négatif.
S'agissant de 2015, M. de Juniac s'est refusé à faire des prévisions.
"Nous avons été instruits par les années précédentes à être prudents. Dans les chiffres que nous avons -- les réservations, les perspectives économiques, les évolutions de marchés--, nous n'avons pas de raisons d'être excessivement optimistes. Nous sommes très très prudents", a-t-il dit.
M. Riolacci a en outre souligné que "si le prix du pétrole était celui que le marché anticipe aujourd'hui, la facture carburant passerait de 8,9 milliards de dollars à 7,4 milliards. Mais l'effet positif serait nettement inférieur après couvertures et effet de change".
Selon lui, la vraie interrogation est l'évolution de la recette unitaire.
"Il y a un réel décalage entre la demande et l'offre de capacité qui croît rapidement (+10% entre l'Europe et le Moyen-Orient, +10% entre le Moyen-Orient et l'Asie et +20% entre le Moyen-Orient et l'Afrique) poussée par les compagnies du Golfe et Turkish Airlines", a-t-il commenté.
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