Athènes déposera finalement jeudi sa demande "d'extension du financement" européen, affichant son optimisme même si le bras de fer en cours avec ses créanciers internationaux a réveillé les craintes d'une sortie du pays de l'euro.
Sous pression, face à l'ultimatum de la zone euro donnant au gouvernement d'Alexis Tsipras jusqu'à vendredi pour demander la poursuite du programme d'aide qui s'achève le 28 février, le gouvernement grec de gauche radicale doit envoyer jeudi une lettre au chef de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, pour demander le prolongement de six mois du "financement" accordé par l'Europe au pays en crise, mais pas du programme lui-même.
"Nous sommes sur le bon chemin, dans un climat d'optimisme", a déclaré le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis mercredi soir à Athènes.
"Notre proposition sera écrite de telle manière qu'elle conviendra et à la partie grecque et à la direction de l'Eurogroupe" a-t-il assuré, une remarque importante alors que personne n'a encore trouvé ces derniers jours un vocabulaire qui réconcilie les deux parties.
Néanmoins cette requête ne devrait pas inclure le dernier paquet de mesures d'austérité du "memorandum" (programme d'aide) en cours d'achèvement qu'Athènes refuse de mettre en oeuvre, comme une hausse de la TVA ou un assouplissement du droit du travail.
Berlin a de son côté sèchement rappelé dans l'après-midi qu'une extension de l'aide à la Grèce était "indissociable" de la réalisation des réformes prévues dans l'accord signé en 2010 et renouvelé en 2012.
"Il n'est pas acceptable et il ne sera pas accepté qu'on se lance dans une extension sans mise en oeuvre des réformes convenues, les deux choses sont indissociables", a déclaré Martin Jäger, porte-parole du ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici s'est montré moins tranchant: "Il est très important que nous fassions tous les efforts nécessaires pour éviter une rupture qui serait absurde et dommageable pour les uns et les autres", a-t-il déclaré à la radio belge RTL, soulignant "des marges de manoeuvre" dans les négociations.
Mercredi soir, le ministre français des Finances Michel Sapin a lui aussi semblé accomodant en se disant "persuadé que le dialogue en cours va aboutir", sur la chaîne française iTélé.
Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre les "temps difficiles" qui attendent la Grèce si un accord n'était pas trouvé avec l'Union européenne sur le financement du pays, sous tutelle internationale depuis 2010.
Pour sa part l'agence de notation Fitch a jugé que la "stratégie de la corde raide" en cours entre Athènes et ses créanciers était dangereuse pour la Grèce.
- "Incertitude" -
A Athènes, le Premier ministre Alexis Tsipras a reconnu, lors d'une rencontre avec le président de la République sortant Carolos Papoulias que les tractations avec la zone euro "se trouvent à un point crucial" mais qu'il espère "surmonter" les obstacles actuels.
Tiraillé entre sa volonté affichée de rester dans l'euro et ses engagements électoraux d'alléger l'austérité, M. Tsipras a toujours l'intention de soumettre au parlement jeudi une série de lois sociales pour desserrer l'étau de l'austérité.
Dans un message destiné à satisfaire la fois à la partie la plus gauchiste de sa base qui refuse l'austérité, et les créanciers internationaux du pays, M. Tsipras a aussi souligné qu'Athènes "souhaite la poursuite des négociations avec ses partenaires et non pas une rupture".
"Il lui faut montrer (en Grèce) qu?il est allé jusqu?au bout dans la négociation tout en évitant la rupture, la sortie de la zone euro", dit l'analyste Philippe Waechter de Natixis Asset Management.
Dans ce climat d'incertitude extrême, la Grèce a reçu deux signes d'encouragement mercredi. Le premier est venu d'un de ses principaux créanciers, la Banque centrale européenne (BCE) qui a décidé de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d'urgence accordés aux banques grecques, et de relever à 68,3 milliards d'euros leur plafond.
Au Parlement, le pays au bord de la faillite s'est doté d'un président au profil à la fois européen et rassembleur, Prokopis Pavlopoulos, élu par 233 députés sur 300.
Ce conservateur choisi par un gouvernement de gauche radicale avait pris ses distances avec les plans d'austérité imposés à son pays en échange d'une bouée financière internationale.
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