Les Européens étaient engagés mardi dans un course contre la montre pour faire plier la Grèce, et éviter à terme une sortie du pays de l'euro, au lendemain d'un nouvel échec des négociations assorti d'un ultimatum à Athènes.
"Nous arrivons à un moment critique pour la Grèce et la zone euro", a résumé le ministre britannique des Finances, George Osborne, à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. "Je demande à toutes les parties d'aboutir à un accord, car ne pas en avoir aurait des conséquences sévères pour l'économie et la stabilité financière", a-t-il ajouté.
Même son de cloche pour le chancelier autrichien, le social-démocrate Werner Faymann, qui a appelé mardi Athènes à "ne pas jouer" avec le risque d'une sortie de l'euro, soulignant la possibilité de "contagion" pour d'autres pays.
Pour les analystes de Commerzbank, le risque d'un "Grexit" est désormais d'un sur deux. Ces craintes ont fait grimper les taux d'emprunt de la Grèce au-dessus de 10% dans la matinée. Mais les tensions semblaient s'apaiser à la mi-journée.
En moins d'une semaine, les négociations entre Athènes et la zone euro ont tourné court à deux reprises. L'enjeu était à chaque fois de trouver comment la Grèce va se financer à court terme, alors que son programme d'aide prend fin le 28 février.
Sans soutien de ses créanciers (UE, BCE et FMI), le pays risque de se retrouver à court d'argent et ne pourra plus bénéficier d'une aide vitale pour ses banques --les prêts d'urgence ELA-- accordés par la Banque de Grèce mais qui doivent être approuvés par la Banque centrale européenne.
Pour les Européens, la seule option est donc que la Grèce, sous tutelle depuis 2010, demande une extension du programme en cours. L'Eurogroupe lui a donné jusqu'à vendredi, et n'organisera une nouvelle réunion que si la Grèce en fait la demande formelle.
- 'Plus du théâtre' -
Mais Athènes campe sur ses positions et "n'acceptera pas d'ultimatum", même s'il "maintient son engagement à trouver une solution mutuellement utile avec ses partenaires européens par la poursuite des négociations", selon une source à Athènes.
Le nouveau gouvernement grec de gauche radicale se refuse à proroger en tant que tel son plan de redressement, qui conditionne les prêts consentis à la mise en ?uvre d'une austérité qui a provoqué selon lui une véritable "crise humanitaire". Il veut obtenir un répit d'au moins quatre mois de la part de ses créanciers pour négocier un nouveau "contrat".
"Les Grecs ont une position très forte. Ils ne nous laissent plus de marges de man?uvre. Cela commence à ne plus être du théâtre", estimait mardi un diplomate à Bruxelles. Pourtant, "le programme n'est pas le diable", a plaidé un responsable européen sous couvert d'anonymat.
"C'est aux Grecs d'agir", a insisté Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro. "La première étape de la procédure, (c'est) qu'ils demandent une extension, dans ce cas on peut ouvrir le parapluie protecteur de ce programme () et on peut ensuite tranquillement discuter plus avant".
La Commission a insisté mardi sur le fait qu'il n'y avait "pas de plan B" sur la table, invitant la Grèce à "passer de l'idéologie à la logique".
"Nous savons en Europe comment aboutir à de bonnes solutions, à une solution honorable à partir de nos désaccords initiaux", a répondu le ministre grec, Yanis Varoufakis, qui s'est dit confiant sur la possibilité de trouver un accord dans les 48 heures. A la nuance près, que le geste doit venir, selon lui, de la zone euro.
"Nous discutons avec tout le monde, mais nous n'attendons rien dans l'immédiat", a affirmé une source proche des négociations.
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