La tension montait mardi matin au PS avant le vote du projet de loi Macron en première lecture à l'Assemblée qui pourrait être plus serré que prévu, une majorité des frondeurs s'apprêtant à voter contre selon l'un d'eux.
Après plus de 190 heures de discussions en commission et en séance, ce texte de quelque 200 articles "pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques", emblématique de la ligne réformatrice affichée par l'exécutif, doit passer le cap du vote solennel vers 17 heures. Sans attendre ce vote, Bercy a commis une boulette en annonçant mardi matin dans un communiqué l'adoption du texte, avant de rectifier.
Une majorité des 30 à 40 députés socialistes "frondeurs" voteront contre le projet de loi Macron mardi en première lecture, a affirmé l'un de leurs animateurs, Christian Paul, avant la réunion du groupe PS en présence de Manuel Valls.
"Plusieurs dizaines de députés PS ne voteront pas la loi" et parmi ceux-ci "une majorité" "votera contre", a-t-il affirmé. L'ancien ministre Benoît Hamon a répété mardi qu'il voterait "en conscience" contre le projet de loi, addition selon lui de "mesures extrêmement utiles" et d'autres "problématiques" comme celles sur le travail dominical.
Applaudi à son arrivée devant le groupe, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a déclaré que c'était maintenant à "chacun de prendre ses responsabilités". "Voter contre serait rejoindre ceux qui veulent faire chuter la gauche", a averti le président de groupe Bruno Le Roux au début de la réunion.
Les voix manquantes dans la majorité devraient cependant être compensées par l'abstention d'une majorité d'UDI et l'abstention ou le vote "pour" d'une poignée d'UMP, dont Frédéric Lefebvre qui a lancé un "appel" à ses collègues de l'opposition à ne "pas voter contre un texte sur lequel vous partagez l'essentiel".
La grande majorité des socialistes et des radicaux de gauche s'apprête toutefois à approuver le texte. Les écologistes sont partagés, entre les tenants d'une ligne très critique comme l'ex-ministre Cécile Duflot et les modérés.
La plupart des UMP et le Front de gauche voteront contre le projet de loi, les premiers le jugeant fourre-tout (de la libéralisation du transport aux privatisations des aéroports de province) et pas à la hauteur des nécessités de la France, les seconds dénonçant "des régressions sans nuance pour les droits des salariés".
"Il y avait une belle ambition au départ mais l'épreuve de l'Assemblée nationale a beaucoup édulcoré l'ambition de départ", a regretté mardi le président du Medef Pierre Gattaz, évoquant un "résultat mi-figue, mi-raisin".
- La bataille du dimanche -
Le texte sera examiné au Sénat à compter d'avril, l'Assemblée ayant le dernier mot.
Si la droite, UMP en tête, a concentré l'essentiel de ses attaques sur la réforme des professions règlementées du droit, dont les notaires, la gauche s'est divisée principalement autour de l'extension du travail dominical, décriée comme une "régression" sociale par Martine Aubry, des nouvelles règles de licenciements collectifs ou de la réforme des prud'hommes.
La création, par décret, de "zones touristiques internationales" où les commerces pourront être ouverts en soirée jusque minuit et tous les dimanche, a aussi suscité l'ire de la maire de Paris Anne Hidalgo.
Présent de bout en bout au banc du gouvernement, malgré les regrets de certains députés de ne pas y voir notamment la ministre de la Justice Christiane Taubira, Emmanuel Macron, pour son baptême du feu dans l'hémicycle, a pris soin de répondre longuement aux amendements ou interpellations.
Si ses défenseurs, surtout socialistes mais de droite aussi, n'ont cessé de vanter son "écoute", sa "pédagogie" et sa "coproduction" avec les députés, "paradoxale pour un ministre n'ayant jamais été parlementaire", ses détracteurs l'ont critiqué pour vouloir "obtenir à tout prix son certificat de bon réformateur" (l'UMP Christian Jacob) ou pour n'être "que le petit porteur d'eau de la Commission européenne" (le Front de gauche André Chassaigne).
Sans bouleverser les volets phares du texte, le gouvernement a accepté des modifications souvent souhaitées par le rapporteur général Richard Ferrand (PS) ou les rapporteurs thématiques, comme sur le mécanisme d'encadrement des tarifs des notaires, la réforme du permis de conduire ou la liberté laissée aux élus d'autoriser l'ouverture des commerces jusque 12 dimanches par an.
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