Quelque 30.000 Danois ont rendu hommage lundi soir à Copenhague aux victimes des attaques ayant visé la communauté juive et un lieu symbolique de la liberté d'expression ce week-end.
Après la double fusillade samedi et dimanche qui a fait deux morts et cinq blessés, le rassemblement s'est tenu dans un froid glacial sous le signe du recueillement, de l'unité et de l'émotion.
Il avait aussi un petit accent français avec un drapeau tricolore par-ci et une pancarte "Je suis Danois" en français par-là pour rappeler les attentats qui avaient frappé Paris du 7 au 9 janvier, faisant 17 morts.
"Une attaque contre les Juifs du Danemark est une attaque contre le Danemark", a dit la chef du gouvernement, Helle Thorning-Schmidt, devant un public nombreux, encadré par des policiers lourdement armés.
"On savait que ça arriverait un jour", a estimé Meline, étudiante danoise de 22 ans, en référence aux menaces contre son pays depuis la parution de caricatures controversées du prophète Mahomet dans le journal Jyllands-Posten en 2005.
Toujours sous le choc, les Danois voulaient massivement dire non aux violences après les tirs meurtriers d'un homme identifié par les médias comme Omar El-Hussein, Danois d'origine palestinienne.
"C'est très bien que nous tous, Danois, soyons unis car ce qui s'est produit visait tout le Danemark", a confié à l'AFP Nasser Ismail, d'origine palestinienne, venu se recueillir devant le centre culturel pris pour cible samedi.
La fusillade y avait fait un mort, un réalisateur de 55 ans, Finn Nørgaard, et trois blessés parmi les policiers
Le centre accueillait un débat sur l'islamisme et la liberté d'expression avec l'artiste suédois Lars Vilks, 68 ans, bête noire des fondamentalistes depuis qu'il a dessiné Mahomet avec un corps de chien en 2007.
Depuis lundi il a été transféré dans un lieu secret. "Son domicile à Höganäs (sud de la Suède) n'est pas un endroit où il est en sécurité. Il doit aller dans un lieu sûr", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police suédoise, Ewa-Gun Westford.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une deuxième fusillade a visé une synagogue de la capitale danoise, faisant un mort, un Juif de 37 ans qui montait la garde, et blessant deux autres policiers.
- Copenhague "miroir" de Paris -
"C'est comme un miroir", a déclaré lundi lors du rassemblement l'ambassadeur de France à Copenhague, François Zimeray, en dressant un parallèle avec les attaques à Paris.
"Les deux tragédies renvoient l'une à l'autre dans une parfaite symétrie", a fait valoir le diplomate qui se trouvait dans le centre culturel pendant la fusillade.
Les événements de Copenhague ont eu un écho particulier en France, où le Premier ministre, Manuel Valls, a utilisé pour la première fois le terme d'"islamo-fascisme" pour qualifier la menace pesant sur l'Europe.
Toujours en France, plusieurs centaines de tombes du cimetière juif de Sarre-Union (est) ont été profanées, suscitant une ferme condamnation du président, François Hollande. Cinq adolescents ont été placés en garde à vue.
La capacité des démocraties européennes à protéger les Juifs pris pour cible a été publiquement mise en cause par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a appelé dimanche les juifs d'Europe à émigrer vers Israël qui les "attend à bras ouverts".
François Hollande a déploré "des paroles prononcées en Israël qui laisseraient penser que les juifs n'auraient plus leur place en Europe, et en France en particulier". Mais il a aussi appelé les Français au "sursaut" face à la multiplication d'actes antisémites.
Mme Thorning-Schmidt a également demandé aux Juifs danois de ne pas céder aux appels au départ et la chancelière allemande, Angela Merkel, est allée dans le même sens, se disant "heureuse et reconnaissante" que des juifs vivent en Allemagne aujourd'hui, 70 ans après l'Holocauste.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.