L'ex-ministre PS des Affaires étrangères Roland Dumas a provoqué un tollé lundi en affirmant sur RMC et BFMTV, en réponse à une question, que Manuel Valls était "probablement" sous "influence juive", évoquant ses "alliances personnelles" et, sans la nommer, l'épouse du Premier ministre, Anne Gravoin.
Au cours d'un échange de deux minutes, le journaliste Jean-Jacques Bourdin est revenu à la charge à plusieurs reprises après l'évocation par Roland Dumas des "alliances personnelles" du Premier ministre Manuel Valls, "qui font qu'il a des préjugés".
"C'est-à-dire? Qu'est ce que vous voulez dire par là?" lui a demandé le journaliste.
"Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un de très bien mais qui a de l'influence sur lui", a ajouté l'ancien ministre des Affaires étrangères, sans nommer directement la femme de Manuel Valls, Anne Gravoin.
"Qu'est ce que vous voulez dire Roland Dumas?", l'a relancé Jean-Jacques Bourdin avant de lui demander: "Il est sous influence juive ?"
"Probablement. Je peux le penser () Sous l'influence de sa femme. Pourquoi ne pas le dire puisque c'est une réalité", a rétorqué Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel, la plus haute instance juridictionnelle en France.
Manuel Valls a dénoncé dans l'après-midi les propos de l'ancien ministre, "qui ne font pas honneur à la République". "L'antisémitisme n'est pas une opinion, ce n'est pas une petite plaisanterie", a-t-il ajouté devant des élus.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a indiqué pour sa part qu'il instruisait un dossier suite à l'échange controversé.
Manuel Valls est régulièrement attaqué avec cet argument dans les milieux proches de l'extrême droite et ceux proches de Dieudonné M'Bala M'Bala, qui avait qualifié l'actuel Premier ministre "de petit soldat israélien veule et docile".
Dans un dossier consacré à M. Valls, le 30 janvier 2014, le très droitier hebdomadaire Valeurs Actuelles écrivait notamment: "De nombreuses sources, Place Beauvau, attestent du +jusqu'au-boutisme+ d'Anne Gravoin, elle-même membre de la communauté juive, dans la lutte contre l'humoriste controversé (Dieudonné, NDLR). Une influence qui expliquerait que Manuel Valls ait mis tout son poids dans un combat pourtant loin d'être prioritaire".
"Les mots de Roland Dumas sont inadmissibles et dangereux", a dénoncé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur Tweeter.
Ce sont des "propos inacceptables", qui "dépassent l'entendement en mettant en cause le Premier ministre avec un vocabulaire d'extrême droite", a renchéri le PS dans un communiqué. "C'est lamentable. C'est le discours des années 30 sur la France enjuivée. J'ai connu Roland Dumas résistant et pas reprenant le discours de ceux qu'il combattait", a estimé le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis sur TV5 Monde.
- Dumas 'tordu', disait Mitterrand -
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, s'est dit "révulsé". Proche de Manuel Valls, le sénateur PS Luc Carvounas a dénoncé des "propos nauséabonds", en rappelant que M. Dumas avait "apporté son soutien à Dieudonné en 2006" tandis que l'ex-ministre Benoît Hamon a lâché: "Dumas est éc?urant".
Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale, s'est dit sur Twitter "révolté" par des propos "qui relèvent d?un antisémitisme ordinaire et d?un complotisme délirant".
Pour Carlos Da Silva, porte-parole du PS, "Roland Dumas a perdu les pédales". "Il faut qu'il arrête de s'exprimer. Des tombes ont été profanées, des citoyens français attaqués parce qu'ils étaient juifs, voilà de quoi on parle!" a dénoncé ce proche de M. Valls sur Europe 1.
A droite, les propos de l'ancien ministre de François Mitterrand ont également été condamnés: " Les propos de Roland Dumas sur sont inadmissibles et proprement scandaleux Quel naufrage!", a tweeté l'ancien ministre UMP des Transports Dominique Bussereau.
L'ancien chef de la diplomatie française "nous avait habitués depuis un certain temps à des déclarations stupéfiantes", a réagi l'UMP, par la voix de l'ancien ministre Brice Hortefeux.
"Roland Dumas va avoir 93 ans L'âge du silence médiatique ou de la révélation de la vraie personnalité? Ses propos sont odieux comme lui?" a commenté le sénateur et ex-ministre UMP Roger Karoutchi.
Roland Dumas avait été proche de François Mitterrand, ce qui n'empêchait pas ce dernier de porter un regard sévère sur lui: "J'ai deux avocats, Robert Badinter pour le droit, Roland Dumas pour le tordu", disait l'ancien chef de l'Etat.
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