Cinq mineurs, "sans antécédents judiciaires" et se défendant de tout antisémitisme, ont été placés en garde à vue lundi après la profanation d'un cimetière juif à Sarre-Union (Bas-Rhin), où doit se rendre mardi François Hollande.
Au lendemain de la découverte de cette profanation, la première de cette ampleur depuis plus de 30 ans, le parquet de Saverne a dévoilé lundi après-midi cette avancée décisive de l'enquête.
Dans la matinée, un jeune homme de 15 ans et demi "s'est présenté à la brigade de gendarmerie de Sarre-Union pour se dénoncer en disant qu'il avait participé aux faits", a expliqué le procureur de la République, Philippe Vannier, lors d'une conférence de presse.
L'adolescent "a mis en cause d'autres garçons, ils sont cinq au total, tous mineurs et depuis 14H45, ils sont tous en garde à vue", a-t-il ajouté, indiquant qu'ils étaient "originaires de la région" (quatre habitent Sarre-Union, à 80 km au nord-ouest de Strasbourg) et qu'ils auraient commis les faits jeudi.
Les suspects, âgés de 15 ans et demi à 17 ans et dont trois sont scolarisés à Sarre-Union, sont "très choqués de la tournure des événements, impressionnés par la mesure de garde à vue dont ils font l'objet", a dit le procureur.
Leurs motivations restent floues, mais ils sont "sans antécédents judiciaires" et la justice ne leur connaissait pas "de convictions idéologiques qui pourraient expliquer leur comportement".
Lors des premiers interrogatoires, ils se sont notamment défendus de toute intention antisémite et il semble qu'ils aient "considéré le cimetière comme abandonné".
Leurs gardes à vue peuvent durer 24 heures et être reconduites une fois et les faits qui leur sont reprochés leur font encourir jusqu'à sept ans d'emprisonnement.
Au total, les enquêteurs ont comptabilisé 250 tombes dégradées dans le cimetière juif de Sarre-Union, un petit bourg de 3.000 habitants.
A travers les allées envahies d'herbe et d'arbustes, un journaliste de l'AFP a pu constater que des dizaines de stèles avaient été renversées. Les profanateurs ont soulevé les couvercles de certains caveaux et brisé des plaques en ardoise, où étaient inscrits les noms de défunts.
Un monument dédié aux victimes de la déportation, à l'entrée du cimetière, a également été détérioré.
- Hollande attendu mardi -
La profanation dans ce cimetière, aménagé vers 1780 à l'écart des habitations, a suscité une vive indignation des plus hautes autorités de l'Etat et dans la région.
"On ne s'attaque pas à un cimetière juif par hasard, à plus forte raison quand ce sont des gens du coin", a estimé Pierre Levy, responsable du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) d'Alsace.
"Ca a été fait de manière systématique, avec beaucoup de méthode", a relevé Jacques Wolff, membre de l'une des "deux dernières familles juives" de Sarre-Union et parmi les premiers dimanche à constater les dégâts.
"Tout le monde est attristé et dégoûté par ce qui est arrivé", a souligné le maire de la commune, Marc Séné, devant l'une des entrées du site gardée par les gendarmes.
Plusieurs familles, dont les proches sont enterrés à Sarre-Union, s'étaient déplacées lundi matin pour tenter de constater les dégâts. "Je suis dévastée, ma fille n'en a pas dormi", a confié Martine Lambert, qui vient régulièrement à Sarre-Union sur la tombe de ses parents. "On ne peut plus faire un pas dans un lieu juif sans protection. C'est quand même triste, alors qu'on se sent français avant tout", a ajouté cette femme qui réside à quelques kilomètres.
La région compte de nombreux cimetières juifs en milieu rural, souvent isolés, qui ont subi plusieurs dégradations ces dernières années.
Jusqu'à la Révolution, a expliqué à l'AFP le Grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin René Gutman, les communautés juives d'Alsace étaient "en grande partie rurales" car les juifs n'étaient pas autorisés à vivre dans les villes comme Strasbourg, ni à y enterrer leurs défunts.
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