Les négociations s'annonçaient très dures lundi entre la zone euro, emmenée par l'Allemagne, et la Grèce, sur la suite à donner au programme de financement de ce pays qui, faute d'accord, pourrait le rapprocher d'une sortie de la zone euro et le précipiter dans l'inconnu.
"Je suis très sceptique" sur les chances d'un accord lundi, a déclaré le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avant le début d'une réunion cruciale avec ses homologues de la zone euro. Dénonçant l'attitude "irresponsable" des nouvelles autorités grecques, il a estimé que pour rester membre de l'euro, il fallait "faire le minimum".
"Il n'est pas certain qu'il y aura un accord lundi", avait prévenu dès dimanche le gouvernement grec, laissant présager de toute façon une longue nuit de négociations.
L'enjeu est crucial pour la Grèce : il s'agit de trouver comment se financer à court terme, alors que son programme d'aide prend fin le 28 février, et avant d'envisager une solution pour alléger sa colossale dette représentant plus de 175% de son PIB.
"Nous demandons quelques mois de stabilité financière qui vont nous permettre de nous lancer dans les réformes (), afin que nous puissions ramener la croissance et mettre fin à notre impossibilité de rembourser nos dettes", a plaidé le ministre grec Yanis Varoufakis dans le New York Times.
Faute d'un accord, le pays, qui ne peut emprunter qu'à des taux prohibitifs et doit faire face à d'importantes échéances de remboursement dans les mois à venir, risque de se retrouver à court d'argent, avec le risque d'une sortie de l'euro.
Un tel scénario "serait d'abord et avant tout un échec politique grave pour l'Europe", a jugé le ministre français Michel Sapin.
- 'On peut aboutir' -
Il y aura "une discussion dont je sais qu'elle sera compliquée et que j'aborde avec la certitude qu'on peut aboutir", a estimé Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques. "Il faut aboutir, on peut aboutir. Quand on a la capacité et la volonté, on peut aboutir", a-t-il insisté, tout en excluant de travailler à un nouveau programme d'aide pour la Grèce.
La zone euro est convaincue d'avoir déjà beaucoup fait pour la Grèce, avec une aide de quelque 240 milliards d'euros depuis 2010. De son côté, Athènes est usée par des années de récession et la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), qui lui imposent des réformes socialement très douloureuses.
Les Européens veulent une extension du plan d'aide en cours, pour garder la main sur les réformes, face au gouvernement grec qui veut en terminer avec le "mémorandum" actuel et propose un programme assoupli, sans les mesures jugées les plus antisociales.
Des réunions techniques ont eu lieu au cours du week-end à Bruxelles pour expliciter les positions de chacun. Mais les points de friction restent très nombreux, sur les privatisations et les droits des salariés dans l'entreprise. Une réunion préparatoire au niveau des hauts fonctionnaires, un Euro Working Group, a eu lieu lundi matin pour tenter de déminer la réunion.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a sollicité dimanche un entretien téléphonique avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui "n'a pas vraiment permis de faire avancer les choses", selon une source proche des discussions.
Dans ce contexte, la réunion de lundi ne débouchera au mieux que sur un accord de principe, selon deux sources européennes. "Nous avons besoin d'une décision de principe statuant si la Grèce veut étendre le programme en cours ou un programme complètement nouveau, ou si elle veut continuer dans aucun programme, ce qui me semble le moins probable", a expliqué une de ces sources.
Si accord il y a, il sera conclu "sans beaucoup de détails", en laissant notamment dans le flou les objectifs budgétaires fixés à Athènes. En cas d'échec, une nouvelle réunion de la zone euro devra être organisée "assez vite", souligne-t-on à Bruxelles.
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