Manuel Valls a appelé lundi à "l'unité" face à "l'islamo-fascisme", expression quasi-inédite dans la bouche du Premier ministre qui a exhorté, comme François Hollande, les Juifs à rester en France et à ne pas répondre à l'appel de Benjamin Netanyahu de rejoindre Israël.
Après la double fusillade de Copenhague, réplique apparente des attentats de Paris, et la profanation de centaines de tombes d'un cimetière juif en Alsace, la plus grave par son ampleur depuis 1992, le Premier ministre a martelé son discours pour une "République ferme", se posant, avec François Hollande, en seule alternative contre le Front National de Marine Le Pen dont il a reconnu la "dynamique".
"Pour combattre l'islamo-fascisme, puisque c'est ainsi qu'il faut le nommer, l'unité doit être notre force", a déclaré le Premier ministre sur RTL. "Il ne faut céder ni à la peur, ni à la division. Mais il faut en même temps poser tous les problèmes: combattre le terrorisme, mobiliser la société autour de la laïcité, combattre l'antisémitisme".
"Il faut désormais une rupture", a-t-il poursuivi. "Il faut que l'islam de France assume, qu'il prenne totalement ses responsabilités, c'est ce que demandent d'ailleurs l'immense majorité de nos compatriotes musulmans", a ajouté Manuel Valls.
Le terme "islamo-fascisme" n'est pas une entière nouveauté dans la bouche du Premier ministre: il avait déjà, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, évoqué la montée d'un "fascisme islamique" après l'assassinat de l'opposant démocrate tunisien Chokri Belaïd, en 2013.
On retrouve notamment trace de cette expression dans les propos de l'ancien président américain George W. Bush. En France, elle a été utilisée ce week-end par le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi. Le Front National, lui, préfère généralement le terme de "totalitarisme islamiste".
"Si on est féru d'Histoire, le fascisme est quand même connoté très spécialement", a commenté le vice-président du FN, Louis Aliot.
- Roland Dumas jette le trouble -
M. Valls a également exhorté les Juifs de France à rester dans l?Hexagone, en dépit du nouvel appel du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, comme après les attentats de Paris en janvier.
"La France est blessée comme vous et la France ne veut pas votre départ. Elle vous dit une nouvelle fois son amour, son soutien et sa solidarité. Cet amour est bien plus fort que les actes de haine, fussent-ils répétés. Je regrette d'ailleurs les propos de Benjamin Netanyahu. Quand on est en campagne électorale, ça ne veut pas dire s'autoriser n'importe quelle déclaration. La place des Français juifs, c'est la France", a-t-il martelé.
Propos similaires, dans la foulée, dans la bouche de François Hollande. "Je ne laisserai pas (passer) des paroles prononcées en Israël qui laisseraient penser que les Juifs n'auraient plus leur place en Europe et en France en particulier", a dit le chef de l'Etat, appelant la communauté nationale au "sursaut" après la profanation du cimetière de Sarre-Union. M. Hollande se rendra mardi dans le Bas-Rhin pour une cérémonie "si les conditions sont réunies" et si ce déplacement ne gène pas l'enquête en cours, a-t-il dit.
Le chef de l'Etat s'est par ailleurs rendu lundi matin à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où les frères Chérif et Said Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie-Hebdo, avaient été abattus par les forces de l'ordre le 9 janvier.
Après cette profanation, Bruno Le Maire, député UMP de l'Eure, a exprimé son "profond dégoût" devant "l'antisémitisme chronique" qui existe "désormais" en France.
Dans ce contexte, l'ancien président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas, a suscité des protestations outrées au PS en décrivant un Manuel Valls "probablement" sous influence juive.
"Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui", a déclaré sur RMC et BFM TV l'ancien ministre PS.
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