Plusieurs centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin, a annoncé dimanche le ministre de l'Intérieur qui a promis une nouvelle fois de lutter avec détermination contre l'antisémitisme.
"La République ne tolérera pas cette nouvelle blessure qui meurtrit les valeurs que tous les Français ont en partage", a déclaré Bernard Cazeneuve dans un communiqué, condamnant "avec la plus grande fermeté" cet "acte odieux". Un peu plus d'un mois après les attentats parisiens qui ont tué quatre Juifs dans un supermarché casher, le ministre de l'Intérieur venait de se rendre dimanche à Copenhague pour rendre hommage aux victimes d'une double fusillade contre un centre culturel où avait lieu un débat sur la liberté d'expression et contre une synagogue.
Selon une source proche de l'enquête, la gendarmerie a été prévenue dimanche peu avant 17H00 de la profanation de ce cimetière juif qui compte environ 400 tombes.
"Les constatations de police scientifique sont en cours. Autour de 300 tombes auraient été profanées" selon les premiers éléments de l'enquête, a précisé cette source. Il s'agit de "dégradations", "pour l'instant aucune inscription n'a été constatée".
Le préfet du Bas-Rhin et le procureur de la République de Saverne se sont rendus sur place.
"Tout sera mis en oeuvre dans les meilleurs délais pour que les auteurs de cet acte odieux et barbare soient identifiés et punis", a promis le président François Hollande dans un communiqué. "La France est déterminée à lutter sans relâche contre l'antisémitisme et ceux qui veulent porter atteinte aux valeurs de la République", a insisté l'Elysée.
- Forte hausse des actes antisémites -
De la même manière, le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé sur Twitter "un acte ignoble et antisémite, une insulte à la mémoire".
"J'en ai marre tous ces actes antisémites, sous leurs différentes formes, qu'on a vus le 9 janvier à Paris, hier à Copenhague et aujourd'hui en Alsace, cette haine qui s'exprime démontre qu'on a complètement raté l'éducation de nos jeunes", s'est emporté le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Roger Cukierman, interrogé par l'AFP.
Selon Bernard Cazeneuve, "aucune violence, aucune manifestation d'irrespect ni de haine inspirée par toutes les formes de racisme ou d'intolérance religieuse ne fragilisera notre indestructible volonté de vivre ensemble, en liberté".
"Nous protégeons tous les lieux de culte, toutes les institutions, nous le faisons en très étroite liaison avec la communauté juive", a-t-il ensuite rappelé sur TF1. "Il y a des policiers, des gendarmes qui se mobilisent pour assurer la protection de tous ceux qui peuvent être en France victimes de la haine antisémite, de la xénophobie et du racisme. Et nous nous mobilisons aussi contre les actes antimusulmans parce que la haine, la division, le racisme n'ont pas leur place en France."
Ce n'est pas la première fois que le cimetière juif de Sarre-Union fait l'objet de profanations. En 1988, une soixantaine de stèles juives avaient été renversées, et en 2001, 54 tombes avaient été saccagées.
Le nombre d'actes antisémites a doublé en France en 2014 par rapport à l'année précédente, avec une hausse des violences plus marquée encore que celle des injures. Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), organisme communautaire travaillant en lien avec le ministère de l'Intérieur, 851 actes antisémites (actions et menaces) ont été recensés l'an dernier, contre 423 en 2013, soit une hausse de 101%, atteignant un plus haut depuis 2004 (974 actes).
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