La milice chiite des Houthis a affiché dimanche sa détermination à poursuivre son coup de force au Yémen avant un vote à l'ONU sur une résolution la sommant de lâcher le pouvoir à Sanaa.
"Le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace", a déclaré le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, affirmant que sa milice a engagé le Yémen "dans un processus d'autodétermination, à l'abri de toute tutelle" étrangère.
Cet avertissement est lancé alors que la communauté internationale s'alarme de plus en plus de la crise au Yémen, un pays en phase "d'effondrement", selon le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le Conseil de sécurité devrait ainsi adopter dimanche une résolution qui met la milice chiite en demeure de se retirer des institutions qu'elle contrôle, de libérer les membres du gouvernement détenus, et de négocier, selon des diplomates.
Le projet de résolution va moins loin que les mesures coercitives souhaitées par les six monarchies du Golfe, qui ont réclamé, au terme d'une réunion ministérielle samedi à Ryad, des mesures coercitives immédiates contre les Houthis sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU.
Ce chapitre permet d'exercer des pressions économiques et même militaires pour faire appliquer une décision du Conseil de sécurité.
Les miliciens chiites doivent, selon le projet de résolution, "s'impliquer de bonne foi dans les négociations" de paix menées sous l'égide de l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar. Ils doivent également "libérer le président (Abd Rabbo Mansour) Hadi, son premier ministre et les membres du cabinet", assignés à résidence depuis que la milice a pris le pouvoir.
Selon des diplomates occidentaux, la Russie, qui siège au Conseil de sécurité, est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle est elle-même sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.
Une réunion ministérielle de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Jeddah en Arabie saoudite, a dénoncé "le coup d'Etat des Houthis". Cette organisation, qui réunit 57 membres, a indiqué soutenir les demandes formulées la veille par les monarchies du Golfe.
La Ligue arabe a pour sa part annoncé une réunion d'urgence mercredi sur le Yémen des chefs de diplomatie des pays membres.
- Affrontements armés -
Les monarchies du Golfe, dirigées par des dynasties sunnites, redoutent le chaos créé par "le coup d'Etat" des Houthis au Yémen, un pays voisin menacé par l'essor du réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda et par un courant séparatiste dans le Sud.
Les miliciens chiites, qui tentent d'asseoir leur autorité sur le Yémen, dont les provinces du sud et du sud-est, ont rencontré dimanche une forte résistance de tribus sunnites autour de la ville de Baïda (centre).
Selon des sources tribales, pas moins de 12 Houthis ont été tués dans de violents affrontements à l'est de Baïda lors d'accrochages avec des combattants tribaux, un bilan difficile à confirmer de sources indépendantes.
Plus au sud, les tribus sunnites de Chabwa ont mis en garde, dans un communiqué, les Houthis contre toute tentative d'entrer dans leur région.
Plusieurs manifestants ont été blessés dimanche à Ibb (centre) lorsque des miliciens chiites ont tiré en l'air pour disperser des centaines de protestataires, sortis dans la rue pour réclamer la libération d'un militant, Ahmed Hazzaa, selon des témoins.
Ce militant, qui dirige le mouvement "Rafdh" (Rejet), né en réaction à l'entrée des miliciens chiites à Sanaa en septembre, a été arrêté samedi à Ibb, selon son groupe.
Les Houthis usent de la force contre les manifestants et arrêtent des opposants. L'un d'eux est décédé vendredi après avoir été "torturé", selon sa famille.
L'émissaire de l'ONU, qui a prévenu jeudi que le Yémen risquait de "plonger dans la guerre civile", poursuit ses consultations avec les forces politiques, y compris les Houthis, qu'il devrait rencontrer de nouveau dimanche soir avec l'espoir de parvenir à une sortie de crise, selon son entourage.
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