Malgré la mobilisation régionale contre eux, les islamistes de Boko Haram poursuivent sans relâche, jour après jour, leurs attaques meurtrières dans le nord-est du Nigeria, où un nouvel attentat-suicide mené par une femme a tué sept personnes et blessé 32 autres dimanche.
La kamikaze s'est fait exploser dimanche à la gare routière de Damaturu, capitale de l'Etat de Yobe, faisant sept morts et 32 blessés, selon la police et des témoins.
"Une attaque a été commise à la gare routière de Damaturu par une kamikaze. Jusqu'à présent, la mort de sept personnes a été confirmée, tandis que 32 ont été blessées", a déclaré à l'AFP Marcos Danladi, chef de la police de l'Etat de Yobe.
L'attentat-suicide a également été rapporté à l'AFP par des témoins joints depuis Kano, la plus grande ville du Nord.
Selon eux, la femme portant la charge explosive a pénétré dans la gare routière à bord d'un véhicule. Elle en est sortie, a marché en direction d'une petite épicerie au fond de la gare puis elle s'est arrêtée au milieu de la foule et a fait exploser la bombe, a précisé sous couvert d'anonymat un commerçant tenant boutique à l'intérieur de la gare.
Une foule en colère a empêché des secouristes d'évacuer des lieux le corps déchiqueté de la kamikaze. "Les gens ont rassemblé ses restes et y ont mis le feu", a-t-il dit.
Cette attaque n'a fait immédiatement l'objet d'aucune revendication. Mais ce genre d'attentats est régulièrement commis dans plusieurs localités du nord-est du Nigeria par Boko Haram qui y sévit depuis six ans et a multiplié récemment des opérations sanglantes dans trois pays limitrophes: Cameroun, Niger et Tchad.
Le groupe est accusé d'utiliser désormais des femmes et fillettes pour commettre ces attentats, de préférence dans des lieux bondés comme des gares routières et des marchés.
Un attentat similaire a ainsi été perpétré jeudi dans la ville de Biu (Etat de Borno), sur un marché où se pressaient des centaines de personnes. Bilan: au moins onze morts, selon des témoins et des sources sécuritaires.
- Dizaines de Nigériens suspects-
Samedi, Boko Haram, en pleine expansion militaire dans le nord-est, a changé de mode opératoire, suspendant les attentats pour mener une impressionnante incursion armée dans une ville de plusieurs centaines de milliers d'habitants: des centaines de ses hommes ont envahi pendant quelques heures la ville de Gombe, capitale de l'Etat du même nom, tirant à l'arme lourde et distribuant des tracts menaçant les habitants qui iraient voter aux prochaines élections.
Une présidentielle couplée à des législatives et sénatoriales a été repoussée au 28 mars, officiellement pour permettre aux forces de sécurité de réduire Boko Haram dont les attaques affectent particulièrement trois Etats du nord-est du pays, Yobe, Borno et Adamawa, mais aussi, de plus en plus les Etats limitrophes comme celui de Gombe.
Le groupe mène aussi des attaques contre des positions frontalières de ses pays voisins, infiltrant des hommes et recrutant sur place.
Plusieurs dizaines de Nigériens, soupçonnés d'être liés à Boko Haram, ont ainsi été arrêtés près de Zinder, dans le sud du Niger, depuis le début des attaques lancées par le groupe islamiste dans le pays.
"Dans la région de Zinder, nous avons quelques dizaines de gens que nous avons interpellés pour les vérifications. Ce sont des suspects", a déclaré le gouverneur de la région, Kalla Moutari, précisant qu'il s'agit de "Nigériens", lors d'un entretien samedi soir avec l'AFP.
Depuis six ans, l'insurrection et sa répression par l'armée ont fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria. Le géant pétrolier, dont l'armée est incapable de contenir les islamistes, s'est entendu avec ses voisins - Tchad, Niger, Cameroun et Bénin - le 7 février pour mobiliser 8.700 hommes contre les insurgés.
Mais le déploiement de cette force n'était pas encore effectif dimanche. Le Tchad et le Cameroun ont cependant déjà engagé aux frontières des hommes, et le Niger vient de voter l'envoi de troupes contre Boko Haram.
Et le président nigérian Goodluck Jonathan qui, jusque là, refusait officiellement toute ingérence étrangère dans un pays soucieux de son indépendance, a demandé l'aide des Etats-Unis contre Boko Haram dans un entretien vendredi au Wall Street Journal.
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