De jeunes "éco-guerriers" perchés sur des éléphants de Sumatra, en Indonésie, patrouillent dans la jungle de cette île de l'ouest de l'archipel pour lutter contre l'abattage illégal d'arbres et le braconnage dans les immenses forêts tropicales.
Ils s'enfoncent pendant des jours dans la jungle, le long de rivières, sur des sols accidentés, à travers une végétation épaisse abritant de nombreuses espèces en danger, tels des tigres et orangs-outan qui vivent dans un espace ravagé par la déforestation de ces dernières années.
Au retour de leur expédition, ces habitants rapportent aux autorités tout ce qu'ils ont vu d'illégal ou de suspect dans ces forêts où les coupes d'arbres sans autorisation sont fréquentes, et où des éléphants et des tigres sont tués respectivement pour leur ivoire et leur peau.
L'Indonésie, le plus grand archipel du monde qui s'étend sur 1,9 million de km2, soit presque quatre fois la France, possède de vastes forêts tropicales. Mais d'importantes quantités d'arbres sont coupées pour laisser place à des plantations qui produiront du papier ou de l'huile de palme, détruisant la biodiversité et augmentant l'émission de gaz à effets de serre.
La déforestation est en grande partie illégale, un fléau que les autorités peinent à enrayer compte tenu de l'étendue du territoire et du manque de moyens.
Du coup, des ONG de la province d'Aceh, à la pointe nord de l'île de Sumatra, ont décidé d'apporter leur aide en 2012, avec des habitants de la région de Trumon partant à la "chasse" de braconniers et d'individus se livrant à des coupes de bois sauvages.
L'an passé, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) s'est associée à ce projet qui a depuis pris de l'ampleur et vu l'introduction de patrouilles à dos d'éléphant avec des habitants de la région.
Des cornacs -- personnes qui s'occupent d'éléphants utilisés pour des travaux ou transports en forêt, appelés localement "mahout" -- parcourent désormais la jungle avec leur pachyderme et sont rémunérés par USAID.
- Enthousiasme -
Certains habitants ont abandonné leur travail pour rejoindre les "mahout", à l'image de Hendra Masrijal, un ancien vendeur de nourriture. Un peu plus d'une vingtaine d'habitants, parmi lesquels d'anciens séparatistes qui ont combattu les forces du gouvernement central à Jakarta avant la conclusion d'un accord de paix avec la province d'Aceh il y a dix ans, participent désormais au projet.
"Cela me rend triste de voir des images d'éléphants tués par des braconniers pour leur ivoire", raconte à l'AFP M. Masrijal.
"Des paysans et des villageois empiètent aussi sur leur habitat", déplore-t-il.
Les patrouilles dans les profondeurs de la jungle durent de deux à sept jours. Chaque mois, les "mahout" passent de 15 à 20 jours dans la jungle, sur une surface totale de 27.000 hectares appelée "couloir de la faune de Trumon".
Outre la lutte contre la déforestation illégale et le braconnage, des responsables de ce projet dispensent des séances de formations aux habitants de la région sur le développement de l'écotourisme, afin d'encourager des villageois qui ont l'habitude de vivre d'activités illégales tels le braconnage ou les coupes d'arbres illégales, à trouver d'autres moyens de subsistance.
Cette initiative suscite de l'enthousiasme parmi les communautés locales, constate Tisna Nando, porte-parole d'USAID.
"Ils voient qu'ils peuvent bénéficier économiquement de la protection des forêts dans la région, plutôt que de couper des arbres", explique à l'AFP Mme Nando.
Selon une étude publiée l'an passé, l'Indonésie a abattu en 2012 près de deux fois plus de forêt vierge que le Brésil, considéré comme le plus grand destructeur au monde de la forêt primaire.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.