Marches et "chahuts" au son des fifres et des tambours, jet de harengs et cantate à Jean Bart près de 40.000 personnes vont "faire la bande" dimanche à Dunkerque (Nord), au premier jour des "Trois joyeuses", point d'orgue du carnaval.
A 17H00, 450 kilos de harengs saurs seront jetés à la foule en liesse du haut du balcon de l'hôtel de ville, comme tous les ans depuis les années 70, un clin d'oeil aux ancêtres des habitants de la cité portuaire, les pêcheurs d'Islande.
L'histoire du carnaval de Dunkerque, sans chars ni masques, remonte au 18ème siècle, raconte à l'AFP Bernard Coussée, écrivain spécialiste des contes et de l'histoire du Nord-Pas-de-Calais : "c'est l'ancienne fête des marins pêcheurs qui, n'étant plus financée par les armateurs, s'est déplacée au moment du carnaval".
Pendant deux mois et demi, de la mi-janvier à début mars, Dunkerque et ses communes associées vivent au rythme des "bandes", ces milliers de personnes déguisées qui défilent dans les rues en chantant, bras dessus, bras dessous, et des bals, une douzaine au total, organisés par des associations philanthropiques.
Les "Trois joyeuses", ce sont les dimanche, lundi et mardi qui précèdent le mercredi des Cendres, début du Carême. Trois jours durant, les "carnavaleux" vont envahir les rues. Le quartier change mais la "bande" obéit aux mêmes rites immuables.
Le "tambour major" et la "cantinière" ouvrent la marche, devant des musiciens qui jouent du tambour et du fifre, suivis par les "carnavaleux", en rangs, bras dessus bras dessous. Au signal du "tambour major" qui lève sa canne, les musiciens se retournent face à la foule et la tête du cortège s'immobilise.
-Entreprises au ralenti-
"C'est toujours la même façon de faire des marches et des +chahuts+ : quand les premières lignes arrêtent d'avancer, derrière, les autres continuent à pousser : c'est là qu'on est le plus écrasé", explique Laurence Baillieul, de l'office du tourisme de Dunkerque.
"Faut pas avoir peur d'être collés les uns aux autres", souligne-t-elle. Venue s'installer à Dunkerque en 1992, elle fait depuis le carnaval chaque année : "j'ai eu une révélation", dit Laurence Baillieul en riant.
Durant les "Trois joyeuses", raconte-t-elle, "les entreprises tournent au ralenti, avec ceux qui n'aiment pas le carnaval". Les autres prennent des congés. "Les Dunkerquois partent pour trois jours, ça a un effet de soupape qui fait oublier plein de choses, on vit une grande fête de famille", explique-t-elle.
Aux visiteurs d'un après-midi, elle conseille de venir déguisé, "pour rentrer beaucoup plus vite dans la fête". Veste en fausse fourrure, chapeau à fleurs, perruque fluo, ciré jaune, marinière, boa en plumes, pagne en raffia chacun est libre de choisir.
Dimanche, après le lancer de harengs, la "bande" repartira pour un "rigodon", une heure de chahuts non-stop, sur une place de la cité portuaire.
La foule entonnera ensuite la "cantate à Jean Bart", l'enfant de la ville devenu corsaire du roi Louis XIV. "On est tous genou à terre, on se tient tous les mains, c'est très émouvant, les gens versent parfois une larme", dit Laurence Baillieul.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.