La présidente argentine Cristina Kirchner a été formellement mise en cause par la justice pour avoir couvert de hauts dirigeants iraniens, soupçonnés d'être les commanditaires de l'attentat antisémite de 1994 à Buenos Aires, accusation formulée avant sa mort par le procureur Alberto Nisman.
Vingt ans après, l'attentat contre la mutuelle juive AMIA qui a fait 85 morts et 300 blessés, n'a toujours pas été élucidé.
Avant Mme Kirchner, au pouvoir depuis 2007, un autre président, Carlos Menem (1989-1999), a été mis en cause et doit être jugé pour entrave, dans les années 1990, à l'enquête sur l'attentat contre l'AMIA.
Le procureur Nisman, en charge du dossier AMIA depuis 2004, a été retrouvé mort le 18 janvier dernier. Le magistrat assurait que le pouvoir avait mis en place un plan pour protéger L'Iran de poursuites judiciaires en Argentine.
Pour Alberto Nisman, l'Iran a commandité l'attentat et des hommes du groupe armé chiite libanais Hezbollah ont fait sauter le bâtiment abritant les principales institutions juives d'Argentine.
Le procureur Gerardo Pollicita a requis vendredi l'inculpation de Cristina Kirchner et de son ministre des Affaires étrangères, Hector Timerman, pour "les délits d'entrave à la justice et manquement au devoir d'un fonctionnaire".
Gerardo Pollicita a donné un nouvel élan au retentissant dossier d'accusation contre Mme Kirchner, rendu public le 14 janvier par Alberto Nisman.
Le juge Daniel Rafecas devra désormais examiner le dossier de 300 pages, complété d'écoutes téléphoniques, et devra décider s'il ouvre ou non une procédure judiciaire contre Mme Kirchner.
-"Coup d'Etat judiciaire"-
Cet ultime rebondissement dans le dossier Nisman/Kirchner intervient près d'un mois après la disparition non élucidée du procureur, dont la mort alors qu'il était sous le feu des projecteurs a consterné les Argentins.
Alberto Nisman, en charge de l'enquête sur l'attentat contre la mutuelle juive AMIA, a été retrouvé mort dans son appartement à la veille de son allocution devant le Congrès où il comptait étayer son accusation.
Avant l'attentat contre l'AMIA en 1994, une autre attaque menée avec un véhicule piégé avait visé l'ambassade d'Israël à Buenos Aires, tuant 29 personnes en mars 1992.
En 2013, Mme Kirchner avait scellé avec Téhéran un mémorandum prévoyant l'audition en Iran des suspects iraniens dont l'Argentine demandait en vain l'extradition depuis 2007, pour les juger à Buenos Aires.
La communauté juive, l'opposition à Mme Kirchner, les Etats-Unis et Israël estiment que cette initiative est une entrave à l'élucidation car elle écarte l'éventualité d'un procès en Argentine.
La procédure judiciaire contre Mme Kirchner a peu de chances d'aboutir. Sa coalition de centre-gauche, le Front pour la victoire (FPV), détient la majorité dans les deux chambres du parlement, qui seraient éventuellement sollicitées pour lever son immunité.
Réagissant à un article du journal Clarin anticipant la mise en cause de Mme Kirchner, le chef du gouvernement argentin Jorge Capitanitch a dénoncé "un coup d'état judiciaire".
L'enquête sur l'attentat a été émaillée d'irrégularités. Des suspects sont arrêtés puis remis en liberté, dont des policiers et le fournisseur présumé du fourgon piégé Carlos Telleldin.
Le juge chargé de l'instruction du dossier de 1994 à 2003, Juan José Galeano, inculpé pour avoir remis 400.000 dollars à Carlos Telleldin pour qu'il incrimine un suspect, l'ancien patron des services secrets et l'ex-président Carlos Menem doivent être jugés pour avoir freiné ou dévié l'enquête, mais la date du procès n'a pas encore été fixée.
Vendredi, la procureure générale argentine Alejandra Gils Carbo a annoncé la nomination d'une équipe de trois magistrats, Roberto Salum, Patricio Sabadini, Sabrina Namer, et d'un un coordinateur, à la tête du parquet spécial AMIA que dirigeait M. Nisman depuis 2004.
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