Le feuilleton à rallonge sur le projet de loi Macron à l'Assemblée nationale en était vendredi à ses derniers épisodes, avec les premières discussions sur le travail dominical, avant la réforme des licenciements collectifs, sujets qui fâchent une partie de la gauche.
La discussion pourrait peut-être durer tout le week-end sur ce projet de loi pour l'activité, la croissance et l'égalité des chances économiques du ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui fera l'objet d'un vote global mardi après-midi à l'issue de cette première lecture longue de trois semaines.
Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), devrait présider les séances de samedi soir.
A un rythme accéléré comparé aux jours précédents, les députés ont enchaîné vendredi matin une limitation aux seules petites entreprises de la possibilité de garder confidentiel leur compte de résultat, l'autorisation de grands panneaux publicitaires dans les stades ou un encadrement accru des "retraites chapeau" versées aux dirigeants d'entreprises.
Ils ont aussi, non sans vifs regrets sur les bancs de la droite et d'une partie de la gauche, supprimé le secret des affaires créé au motif de protéger les entreprises de l'espionnage économique mais vivement décrié par les médias et des associations comme "une censure inédite".
"Le quatrième pouvoir, celui de la presse, est supérieur au deuxième pouvoir, celui du législatif", s'est désolé le radical de gauche Alain Tourret.
En revanche, l'ex-ministre PS Aurélie Filippetti a lancé que "le débat aurait été plus apaisé si on avait eu la loi sur la protection des sources qu'on attend depuis deux ans".
- 'Le mur Macron' -
Les vraies escarmouches étaient imminentes sur l'extension de l'ouverture des commerces le dimanche, volet contesté sur lequel des retouches sont encore attendues.
Ainsi, les salariés travaillant le dimanche matin dans les supermarchés devraient à l'avenir bénéficier d'une rémunération majorée d'au moins 30% pour ces heures-là, si un amendement du rapporteur thématique Stéphane Travert (PS) est voté.
Pour l'extension du travail dominical dans certaines zones (zones commerciales et touristiques, zones touristiques internationales et certaines gares), le projet de loi n'introduit pas de plancher de compensation salariale mais fixe l'obligation de conclure des accords de branche, d'entreprise ou territoriaux.
Une partie de bras-de-fer continue, avec entre autres la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), sur la délimitation des "zones touristiques internationales (ZTI) qui, dans l'esprit d'Emmanuel Macron, visent les grands magasins du boulevard Haussmann et les Champs-Elysées à Paris ainsi que la "Riviera", et où les commerces pourraient ouvrir tous les dimanches et en soirée.
Les socialistes dits "frondeurs", tel Laurent Baumel, menaçaient encore vendredi d'être "un certain nombre à voter contre" le projet de loi "s'il n'y a aucun bougé pendant le week-end sur le droit du travail et le travail dominical".
Mais un ténor PS les jugeait récemment "calmés" et affichait sa confiance sur la possibilité d'"en ramener les quatre cinquièmes sur un vote pour". "Les semaines passées, on a vu comment ceux qui arrivaient avec des postures de pré-congrès s'écrasaient sur le mur Macron", selon lui.
D'autres différends jusqu'au sein du PS portent aussi sur l'assouplissement des règles de licenciements économiques ainsi que sur la réforme de la justice prud'homale.
Afin de garder du temps pour contester ces "mesures régressives", placées en fin de texte, "nous sommes contraints de renoncer à nous prononcer, dans l?hémicycle, sur des sujets importants", comme les retraites chapeau ou le secret des affaires, et de "recourir aux réseaux sociaux", ont déploré les députés du Front de Gauche, auxquels il ne reste qu'une heure environ pour s'exprimer.
Le durcissement des sanctions sur la fraude aux travailleurs étrangers détachés en France, avec notamment une amende maximale portée à 500.000 euros via un amendement PS soutenu par le gouvernement, sera aussi au programme des dernières discussions.
Sur ces fraudes qui "font le lit du ressentiment et, parfois, de la xénophobie", le Premier ministre Manuel Valls a promis jeudi, quatre jours après la courte victoire du PS face au FN dans le Doubs, une "action répressive forte".
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