Le pessimisme grandissait vendredi quant à l'avenir des accords signés la veille à Minsk pour ramener la paix dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine où 27 personnes ont péri à l'approche de la trêve.
Le texte, dit Minsk 2, arraché au terme de seize heures de négociations entre les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand, a fait naître "une lueur d'espoir", après que les affrontements ont atteint des niveaux critiques ces dernières semaines, portant le bilan des morts à près de 5.500 en dix mois.
Alors que le nouveau cessez-le-feu prévu par les accords de Minsk doit entrer en vigueur dimanche à minuit, l'est de l'Ukraine a connu encore une journée sanglante comme au plus fort du conflit avec 15 civils et 12 militaires ukrainiens tués en 24 heures, selon les derniers bilans ukrainiens et séparatistes qui ne cessent de s'alourdir.
Le président ukrainien Petro Porochenko a lancé vendredi, devant les militaires, qu'il ne fallait "pas avoir d'illusions" quant à l'avenir des accords de paix.
"Je ne veux pas donner de faux espoirs, ni qu'on pense que je suis naïf : il y a encore un long et difficile chemin à parcourir avant d'arriver à la paix", a-t-il dit. "Personne ne peut être absolument certain que les conditions d'une paix fixées à Minsk seront remplies", a-t-il ajouté.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, qui ont participé également au sommet de paix de la "dernière chance", ont dès jeudi laissé entendre qu'il y aurait des difficultés à appliquer Minsk 2 et ont menacé la Russie de lui imposer de nouvelles sanctions si la trêve échouait.
Les Etats-Unis absents à Minsk ont soutenu en coulisses leurs alliés européens et maintiennent la pression sur Moscou.
Plus positive, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini, en visite en Tunisie, a estimé que le cessez-le-feu s'il se concrétise sur terrain à partir de dimanche serait "le premier pas" vers une résolution de la crise.
- Kiev attend une "escalade" - -
Sur le terrain les combats se déroulaient sur toute la ligne du front et les "drones ennemis ont survolé toute la zone de conflit", a indiqué l'armée ukrainienne.
Cette dernière a fait état vendredi soir de combats faisant rage aux abords de Debaltseve, noeud ferroviaire stratégique à mi-chemin entre les capitales des "républiques" rebelles de Donetsk et de Lougansk, où les troupes ukrainiennes sont quasiment encerclées.
Plusieurs analystes pensent que les séparatistes vont tenter de reprendre Debaltseve d'ici à l'entrée en vigueur du nouveau cessez-le-feu.
"L'Ukraine s'attend à une escalade et prend des mesures pour repousser les tirs", a déclaré le vice-ministre de la Défense Petro Mekhed en affirmant que les rebelles allaient tenter de prendre Debaltseve ainsi que le port stratégique de Marioupol sur les bords de la mer d'Azov.
- Insuffisances de Minsk 2-
De l'avis général, l'accord de Minsk 2 n'est qu'un semblant de paix qui ne prévoit pas de mécanismes concrets pour régler les questions litigieuses, en particulier le contrôle de la frontière dont 400 km sont tenus par les rebelles et par laquelle l'Ukraine et les Occidentaux accusent la Russie de faire transiter armes, combattants et troupes régulières.
Un Contrôle ukrainien? "Je n'y crois pas. Nous resterons là où nous sommes", a affirmé vendredi à l'AFP un responsable séparatiste à Ouspenka, l'un des poste-frontières face à la Russie.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine a par ailleurs reconnu vendredi devant les députés qu'il n'y avait "malheureusement pas de date" fixée pour le retrait des forces étrangères du territoire ukrainien.
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