Un homicide involontaire commis par l'épouse de Guillaume Seznec: c'est la thèse "la plus vraisemblable" aux yeux de l'ancien avocat Denis Langlois qui, après avoir assuré la défense de la famille Seznec pendant près de 15 ans, consacre un livre à cette énigme vieille de près d'un siècle.
Dans cet ouvrage, "Pour en finir avec l'affaire Seznec", Denis Langlois révèle un témoignage qu'il détient depuis 1978, lorsqu'il était l'avocat de la famille, entre 1976 et 1990. Mais la famille n'étant jamais parvenue à un consensus pour le rendre public, il l'a gardé secret jusque-là.
Ce témoignage est celui de "Petit-Guillaume", l'un des enfants, alors âgé de 11 ans, de Marie-Jeanne et Guillaume Seznec. Il a été enregistré 55 ans après les faits, en 1978, par l'un de ses neveux.
Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture.
Mais le corps de Quémeneur n'a jamais été retrouvé et Seznec, condamné sans preuves, n'a jamais avoué.
En ce jour ensoleillé de mai 1923, "Petit-Guillaume" joue dans le jardin à l'arrière de la maison familiale. Par la fenêtre ouverte, il entend les cris de sa mère à l'intérieur de la maison.
Il raconte: "Elle disait: +Ah! Non, Pierre, pas vous, non!" Et puis: +Laissez-moi tranquille! Ah! Non. Laissez-moi tranquille ou j'appelle.+ Et puis après, je n'ai plus rien entendu."
"Je suis monté sur un petit rebord et j'ai regardé (par la fenêtre). C'est là que j'ai vu Quémeneur par terre et ma mère debout devant lui", poursuit "Petit-Guillaume". "Moi, je n'ai pas vu le coup se produire. Mon idée première, c'était ça. Il avait glissé sur le parquet ciré et sa tête avait dû cogner le canapé () Quand même, ça me semble douteux. Je crois qu'elle a dû se défendre et le frapper à la tête."
- 'Jurer de ne rien dire' -
"Il y avait du sang qui coulait, mais pas énormément, () du front. () Il était recroquevillé sur lui, il n'était pas allongé", dit encore l'adulte se remémorant ses souvenirs d'enfant.
Entre les cris de la mère et la vision du corps de Quémeneur, combien de temps s'est-il écoulé? demande le neveu. "Ça faisait peut-être une minute", répond "Petit-Guillaume".
Selon lui, en dehors de ses parents et de lui-même, seule une domestique, Angèle, présente dans la maison au moment du drame, a été mise au courant. Le jour même, "avec Angèle, on nous a fait jurer de ne rien dire", précise-t-il.
Décédé en 1982, "Petit-Guillaume" a livré ce témoignage au soir de sa vie.
Quant à Denis Langlois, il l'a conservé pendant plus de 35 ans. "Moi aussi, je prends de l'âge et si on a des choses à révéler, il faut le faire avant qu'il ne soit trop tard", dit-il à l'AFP.
L'explication de "Petit-Guillaume" est "la thèse la plus vraisemblable, la moins en contradiction avec les éléments du dossier", estime-t-il.
Denis Langlois ne veut pas s'étendre sur les dissensions qui ont divisé la famille Seznec à propos des orientations à donner à la défense, dont il a été évincé en 1990.
Une éviction liée apparemment au fait qu'il ne partageait pas la stratégie imposée par Denis Seznec qui a incarné aux yeux du public les efforts pour la réhabilitation de son grand-père mais qui a, pour l'auteur, "voulu avoir la maîtrise totale de l'affaire", en en faisant un combat personnel à ses yeux.
L'inimitié est palpable entre les deux hommes.
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