La croissance de la zone euro a été légèrement meilleure que prévu en 2014, grâce à la baisse des prix du pétrole et de l'euro en fin d'année, mais le retour de la crise grecque jette un voile d'incertitude sur la reprise.
Sur l'ensemble de l'année dernière, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,9%, contre 0,8% attendu par la Commission européenne, grâce aux bons chiffres du quatrième trimestre.
D'octobre à décembre, le PIB a en effet progressé de 0,3%, selon Eurostat. Les analystes tablaient sur une croissance de seulement 0,2%, comme au troisième trimestre.
"Les raisons de ce tournant sont tout à fait évidentes", estime Mirco Bulega, analyste pour Credit Suisse, citant l'effondrement des prix du pétrole et les annonces récentes de la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre la déflation et stimuler l'économie. Des signes qui, selon lui, vont dans le sens d'une amélioration de l'économie en 2015, et qui viennent s'ajouter à la baisse de l'euro, favorable aux exportateurs.
Plus nuancée, Jennifer McKeown, de Capital Economics, estime que la baisse des prix du pétrole et l'affaiblissement de l'euro contrebalancent "pour l'instant" les effets de la crise grecque. "Mais la croissance est trop faible pour diminuer les risques de déflation, et un ralentissement économique n'est pas à exclure", souligne-t-elle.
"Évidemment, il y a un risque que le dossier grec finisse par frapper l'économie de la zone euro. Nous en doutons, mais des accidents peuvent survenir et personne ne sait vraiment quel est le degré d'efficacité des mesures et garde-fous qui seraient mis en place si la Grèce sortait de la zone euro", souligne Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight.
- Épée de Damoclès -
La victoire fin janvier de la gauche radicale (Syriza) en Grèce a changé la donne en Europe. Le nouveau gouvernement est déterminé à se débarrasser de la troïka de ses créanciers (UE, BCE et FMI) et des mesures qu'elle lui impose depuis 2010. Des discussions très difficiles sont engagées entre Athènes et la zone euro, qui doivent se conclure rapidement, faute de quoi le pays risque de se retrouver à court d'argent et d'être précipité hors de l'euro.
Outre la remise en cause du projet européen, un "Grexit" aurait inévitablement des conséquences économiques. Une réunion cruciale des ministres des Finances de la zone euro se tient lundi à Bruxelles. En attendant, la croissance est repartie à la baisse fin 2014 en Grèce, avec une baisse de 0,2% du PIB.
Sans cette épée de Damoclès, il y a des raisons d'espérer pour l'économie de la zone euro. Elle a été soutenue fin 2014 par la consommation et par la bonne santé de l'Allemagne, qui a retrouvé son rôle de moteur. Sa croissance a été un peu meilleure que prévu l'an dernier, s'établissant non pas à +1,5% mais à +1,6%, grâce à un dernier trimestre plus dynamique que prévu (+0,7%).
L'Espagne a elle aussi affiché une croissance solide au quatrième trimestre à +0,7%, et devrait atteindre +1,4% pour l'ensemble de l'année, selon les premières prévisions de l'institut espagnol de statistiques. La quatrième économie de la zone euro, touchée par un chômage massif, devrait "bientôt revenir à ses niveaux de croissance pré-crise", estime l'analyste de Credit Suisse.
En revanche, la France reste à la traîne avec une croissance de 0,1% au quatrième trimestre, et de 0,4% pour l'ensemble de l'année. En cause: l'investissement, qui reste en panne. Même déception en Italie, en récession en 2014 (-0,4%), avec une croissance à l'arrêt en fin d'année.
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