"Y'a pas de meuf ici, frère ! J'ai le seum de ouf". Ils parlent comme ça dans le Woop, pour dire qu'ils sont grave dégoûtés. Youssoupha, Hakim, Malcolm, et les autres membres de ce collectif de youtubers veulent faire rire, avec un casting issu de la diversité.
Le web a fait émerger une nouvelle génération d'humoristes: des jeunes qui, avec trois bouts de ficelle, réalisent des vidéos comiques. Une chambre pour décor, une webcam ou un portable pour tourner, et le tour est joué. Parmi les plus célèbres, Norman ou Cyprien, qui enregistrent des centaines de millions de vues.
Le Woop, lui, a sept membres, dont Mister V (Yvick Letexier) et Hugo Tout Seul, classés en 4e et 9e positions parmi les humoristes youtubers français. A leurs côtés dans le collectif, Malcolm TotheWorld, Youssoupha Diaby, Mike Kenli, Jérémie Dethelot et Hakim Jemili.
Si les autres youtubers affectionnent des thèmes comme les dîners de famille, avoir un chat ou les vieux et la technologie, le Woop, lui, explique à ses abonnés "comment gratter une clope", "voler dans les magasins", "aller chez le tatoueur", "braquer une banque" ou comment ça se passe "au tribunal".
Survêts, jeans, casquettes et coupes de cheveux de footballeurs, les sept du Woop tranchent avec le look propret de certains youtubers.
Dans leur QG à Aubervilliers, c'est ambiance salle de jeux, un kebab avalé sur le coin d'une table et des canapés pour s'affaler.
- "Juste des mecs qui ont des belles baskets" -
A l'origine du groupe, Malcolm, qui a réuni autour de lui six jeunes talents de la scène et se défend d'avoir voulu rassembler un groupe black, blanc, beur. "Je voulais juste des mecs qui avaient des belles baskets". Et le reste de la troupe d'exploser de rire.
"Quand il a fait ce casting je pense pas qu'il se soit dit + il faut un blanc, trois noirs+", explique Hugo Tout Seul, le minet de la bande. "Bof, toutes ces couleurs, c'est la France d'aujourd'hui", répond Mike. Une France sans filles, mais qui fait marrer les jeunes des banlieues et au-delà.
"Pour les gens de notre âge, la couleur de peau ça veut plus rien dire", surenchérit Hugo Tout Seul.
Habiles, les membres sont conscients des clichés que leur groupe véhicule: lorsque Cyprien parle des maniaques de l'hygiène (et enregistre au passage plus de 14 millions de vues), le Woop donne ses conseils pour "rentrer en boîte", parmi lesquelles "ne pas être arabe".
Leur notice (conseils) pour passer le réveillon suggère de "ne pas être dans une classe de segpa" (pour les élèves en difficulté): lors du décompte avant la nouvelle année, le groupe énumère "10, 9, 20, 68, 40, 16, 22 Putain c'est super long, c'est quoi après? On s'en bat les c !"
Une diversité qu'on retrouve jusque dans leurs régions d'origine (Strasbourg, Seine-Saint-Denis, Essonne, Grenoble ou Toulon). Finis les pistons. "Avant, pour percer dans la comédie, il fallait forcément venir sur Paris, maintenant on voit plein de gens de la province qui ont percé sur le net et qui, après, peuvent faire de la scène", confirme Malcolm.
"YouTube, c'est un peu comme une scène ouverte, analyse Jérémie Dethelot, que tu sois connu ou pas connu, que tu sois bon ou pas, tu fais ton truc, t'as juste une occasion de te montrer. C'est le meilleur moyen d'exposer ton travail, sans avoir de pression".
Le Woop a choisi le collectif pour se faire une place, mais n'a pas réussi à accéder à la manne de la télévision, contrairement à deux autres bandes de youtubers, Studio Bagel ou Golden Moustache (rachetés respectivement par Canal+ et M6).
Avec une chaîne YouTube qui compte plus d'un million d'abonnés et près de 90 millions de vues, le collectif s'apprête à monter sur les planches de l'Apollo Théâtre à Paris à partir de vendredi, avant une tournée dans le reste de la France.
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