Le dossier grec s'invite au sommet européen de jeudi, après une réunion extraordinaire de l'Eurogroupe qui s'est terminée dans la nuit sur un constat de désaccord total entre Athènes et la zone euro.
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, doit rendre compte de ces discussions devant les dirigeants des 28, avant une nouvelle réunion ministérielle dès lundi prochain.
A l'issue d'une réunion extraordinaire de plus de six heures qui s'est achevée sans la moindre avancée dans la nuit de mercredi à jeudi, la zone euro a constaté son total désaccord avec Athènes, qui veut tourner la page de l'austérité et alléger sa dette.
"Nous avons fait des progrès mais pas assez pour parvenir à des conclusions communes", a déclaré M. Dijsselbloem. Aucun communiqué n'a donc été publié à l'issue de la réunion, un fait rare, signe des tensions considérables entre la Grèce et ses créanciers au sein de la zone euro.
"Mon ambition était de se mettre d'accord sur les étapes dans les prochains jours. Malheureusement, nous n'en avons pas été capables et nous poursuivrons nos discussions lundi et avancerons à partir de là", a indiqué, laconique, M. Dijsselbloem, lors d'une brève conférence de presse.
Les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver à Bruxelles dès lundi.
Deux semaines et demie après la victoire en Grèce de la gauche radicale Syriza, les antagonismes entre le pays et le reste de la zone euro semblent plus forts que jamais: Athènes veut à tout prix en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), ce qui irrite la zone euro.
La réunion extraordinaire avait pour but de rapprocher les points de vue. Mais Athènes n'a pas présenté de propositions détaillées, ni d'ébauche de programme pour assurer son financement à court terme, selon des participants.
Sitôt la réunion finie, une source gouvernementale a annoncé à Athènes l'échec des discussions. "Cet Eurogroupe n'a pas débouché sur un accord. La prolongation du mémorandum n'a pas été acceptée", a-t-elle affirmé.
La Grèce, représentée par son ministre, Yanis Varoufakis, "a argumenté sur l'échec des mémorandums", ces accords passés depuis 2010 entre Athènes d'une part, la troïka d'autre part, et basés sur l'octroi de 240 milliards d'euros de prêts en échange d'une austérité drastique et d'une longue liste de réformes.
- Première rencontre Tsipras-Merkel -
M. Varoufakis, qui s'est présenté comme "le petit nouveau de la bande" pour son premier Eurogroupe, a évoqué "une réunion fascinante", une "longue et constructive discussion sur tous les aspects de la crise grecque". "Il n'a jamais été question de trouver un accord ce soir, mais de faire connaissance", a insisté celui qui est devenu en quelques jours la coqueluche des médias, mais dont le style peu diplomatique agace à Bruxelles.
Les Européens veulent qu'Athènes demande une extension du programme actuel, avant d'envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175% du PIB grec. La décision doit être prise au plus tard lundi prochain, lors d'une nouvelle réunion de la zone euro, car plusieurs parlements doivent ensuite donner leur aval à un accord.
"Chaque pays est entièrement libre de faire ce qu'il veut. Mais nous avons ce programme. Soit il est mené jusqu'au bout, soit il n'y a plus de programme", avait averti à son arrivée l'Allemand Wolfgang Schäuble. Il ne s'est pas exprimé en partant. "Le programme, c'est une base légale, une référence, un cadre. Il est très difficile de s'en affranchir", avait renchéri Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques.
Décidée à tirer un trait sur six années de récession et une austérité imposée à marche forcée, la Grèce souhaite la mise en place d'un "programme-relais" jusqu'en septembre, dans lequel elle respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers. Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes destinée à relancer la croissance, élaborées avec l'OCDE.
Mercredi soir en Grèce, plus de 20.000 personnes ont répondu au mot d'ordre "Un souffle de dignité", relayé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, et ont défilé contre l'austérité.
Le sommet européen de jeudi, le premier pour le Premier ministre Alexis Tsipras, sera l'occasion pour lui de rencontrer ses homologues, à commencer par la chancelière allemande, Angela Merkel.
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