La zone euro s'est montrée mercredi particulièrement ferme face à la Grèce, qui veut tourner la page de l'austérité et alléger sa dette, ce que refusent en l'état ses créanciers, Allemagne en tête, estimant avoir déjà beaucoup fait pour le pays depuis le début de la crise.
Au lendemain d'un G20 finances à Istanbul et du vote de confiance du Parlement grec, les antagonismes sont plus forts que jamais entre Athènes, qui veut en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), et une zone euro irritée par les demandes du nouveau gouvernement de gauche radicale, élu fin janvier.
La réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro a débuté vers 16H30 GMT. Elle doit tenter de rapprocher les points de vue, ou du moins d'exposer le plan d'Athènes pour se financer à court terme.
La patronne du FMI, Christine Lagarde, et le président de la BCE, Mario Draghi, y participent. C'est aussi le premier Eurogroupe pour le ministre grec Yanis Varoufakis, coqueluche des médias mais dont le style peu diplomatique agace à Bruxelles.
"Il faut mettre fin aux provocations", a affirmé le ministre autrichien, Hans Jörg Schelling, dans une allusion à son homologue grec, qui communique tout azimuts. M. Varoufakis s'est contenté d'une courte phrase à son arrivée à Bruxelles. "Je suis confiant dans le fait que nous aurons une réunion très constructive", a-t-il lancé.
"Nous allons écouter ce que les Grecs ont à dire et voir comment nous pouvons continuer à les soutenir". "Il y a officiellement toujours un programme d'aide en cours, donc la première question à se poser est: quelle est la suite", a estimé Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro.
Les Européens veulent convaincre Athènes de demander une extension du programme actuel, avant d'envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175% du PIB. La décision doit être prise au plus tard le 16 février, lors d'une nouvelle réunion de la zone euro, car plusieurs parlements doivent donner leur aval.
- 'Le programme, un cadre' -
"Chaque pays est entièrement libre de faire ce qu'il veut. Mais nous avons ce programme. Soit il est mené jusqu'au bout, soit il n'y a plus de programme", a averti l'Allemand Wolfgang Schäuble. "Le programme, c'est une base légale, une référence, un cadre. Il est très difficile de s'en affranchir", a renchéri Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques.
Décidée à tirer un trait sur six années de récession et une austérité imposée à marche forcée, la Grèce souhaite elle la mise en place d'un "programme-relais" jusqu'en septembre, dans lequel elle respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers.
Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes destinée à relancer la croissance, élaborées avec l'OCDE. Le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria, était mercredi à Athènes pour discuter avec le Premier ministre, Alexis Tsipras.
Pour son financement immédiat, le pays aimerait récupérer 1,9 milliard d'euros dus par la BCE, et augmenter son plafond d'émissions d'obligations à court terme.
Dans cette discussion, des "marges de man?uvre" existent, a reconnu M. Moscovici. "Il y a des électeurs en Grèce, mais il y en a aussi en Allemagne, en Finlande, en France ou en Italie", a-t-il dit. C'est dans les pays tenants de l'orthodoxie budgétaire que les demandes grecques passent le plus mal, en particulier en Finlande où des élections législatives sont prévues en avril.
Une solution permettant à chaque camp de sauver la face est toutefois envisageable. "Il y a moyen, tout en ménageant dans le vocabulaire le contenu et le dispositif de suivi, d'aménager ce programme", car "les autorités grecques ont bien l'intention de mettre en ?uvre certaines réformes", souligne un diplomate.
Des concessions sémantiques auxquelles semblent également prêts les Grecs. "Nous parlerons d'un financement-relais", les Européens "l'appelleront +extension technique+", estimait mardi une source au ministère des Finances grec.
Le dossier s'invitera jeudi au sommet européen. M. Dijsselbloem rendra compte de la situation devant les dirigeants des 28, avant une nouvelle réunion des ministres lundi prochain.
Le sommet sera aussi le premier pour M. Tsipras, qui aura ainsi l'occasion de faire connaissance avec plusieurs homologues, à commencer par la chancelière allemande, Angela Merkel.
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