Le sommet de la dernière chance pour obtenir la paix en Ukraine devait débuter mercredi à Minsk avec Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et Petro Porochenko, au soir de l'une des journées les plus sanglantes du conflit dans l'Est.
Juste avant ce sommet crucial, très sûrement le rendez-vous diplomatique le plus important depuis le début de la crise ukrainienne, les participants ont fait monter la pression par déclarations interposées tandis que sur le terrain, soldats ukrainiens et rebelles intensifiaient leurs combats pour arriver en position de force à la table des négociations.
Une cinquantaine de personnes, civils et soldats, ont ainsi été tuées mardi et mercredi, l'un des plus lourds bilans depuis le début il y a dix mois de ce conflit aux portes de l'Europe qui a déjà fait plus de 5.300 morts.
La rencontre au Bélarus, décidée au terme d'une semaine d'intenses consultations diplomatiques lancées par le couple franco-allemand, réunit les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand avec pour objectif d'adopter un plan de paix pour mettre fin à ce bain de sang.
Le sommet de Minsk mercredi sera "un tournant, pour le meilleur ou pour le pire", a résumé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini dans un entretien accordé à l'AFP, évoquant "des perspectives inquiétantes" si l'issue de la rencontre était négative.
Avant de s'envoler pour Minsk, le président ukrainien Petro Porochenko a affiché sa fermeté en se disant prêt à décréter la loi martiale dans toute l'Ukraine en cas d'échec du sommet. Il a également averti le Kremlin que François Hollande, Angela Merkel et lui-même lui parleraient "d'une seule voix". Les trois dirigeants ont atterri quasi-simultanément vers 15H00 GMT, avant le président russe, célèbre pour ses retards.
- Difficiles pourparlers -
Selon l'Elysée, le président français et la chancelière allemande comptent "tout essayer" pour trouver une issue diplomatique à une crise qui a généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l'URSS en 1991.
Prudent, Berlin a évoqué "une lueur d'espoir" mais jugé son résultat "incertain".
Depuis Washington, le président américain Barack Obama avait fait monter les enchères en appelant dans la nuit Vladimir Poutine pour lui dire que s'il continuait sa stratégie "agressive" en Ukraine, la Russie verrait augmenter le "prix à payer".
Selon une source au sein de la présidence française, les négociations à Minsk entre diplomates mandatés par les quatre dirigeants sont "difficiles". Les négociateurs sont arrivés à un "document" mais "il y a encore pas mal de problèmes qui restent à régler".
A Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui fait état de "progrès notables" tout en accusant les Ukrainiens de vouloir placer un peu trop haut dans la liste des priorités du sommet la question du contrôle de la frontière entre la Russie et l'Ukraine au niveau des zones séparatistes.
Au lendemain des rencontres à Minsk, le président Petro Porochenko devrait rendre compte des négociations lors d'un sommet européen à Bruxelles.
- 'Une solution, la victoire' -
"Des pourparlers, il y en a eu déjà beaucoup depuis le début de la guerre. Et pour quels résultats?", a demandé une habitante de Donetsk, le principal fief rebelle, Tatiana Vassilieva, 50 ans, qui tient un magasin d'alimentation.
A quelques heures de la rencontre, au moins six civils ont péri dans cette ville lorsque des tirs d'artillerie ont touché dans la matinée un arrêt de bus et une usine métallurgique, selon les séparatistes. Trois autres civils ont été tués dans le fief rebelle, a-t-on appris de même source.
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