La zone euro, emmenée par l'Allemagne, se préparait mercredi à une confrontation avec la Grèce qui veut tourner la page de l'austérité et alléger sa dette, ce que refusent en l'état ses créanciers, avec le risque de précipiter le pays vers la sortie.
Au lendemain d'un G20 finances à Istanbul et du vote de confiance du Parlement grec, les antagonismes sont plus forts que jamais entre Athènes, qui veut en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), et une zone euro irritée par les demandes du nouveau gouvernement de gauche radicale.
La réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro, qui doit débuter à 17H30 (16H30 GMT), s'annonce donc tendue. Le ministre grec, Yanis Varoufakis, doit présenter des propositions sur un nouveau plan de financement et de réformes.
"La question est: quelles sont les priorités de la Grèce et comment elle entend les financer?", résume une source à Bruxelles, alors que le pays a réalisé mercredi une émission obligataire laborieuse. "On espère que M. Varoufakis va présenter une position cohérente. Jusqu'ici, sa communication a été brouillée par des propositions dans tous les sens".
Les positions du ministre grec et de son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, semblent en l'état difficilement conciliables. "On ne sait pas quelle est la part de stratégie et la part de négociation", souligne un responsable européen.
Berlin ne veut pas entendre parler d'un "nouveau programme" d'aide pour la Grèce. "Nous en avons déjà un", a insisté mardi M. Schäuble, en faisant référence au deuxième plan de 130 milliards d'euros dont la Grèce ne veut plus, quitte à renoncer à un versement de 7,2 milliards.
A la place, Athènes souhaite la mise en place d'un "programme-relais" jusqu'en septembre, dans lequel la Grèce respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers. Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes destinée à relancer la croissance, élaborées avec l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, était mercredi à Athènes pour discuter avec le Premier ministre, Alexis Tsipras.
- Sauver la face -
Pour son financement immédiat, la Grèce aimerait récupérer 1,9 milliard d'euros dus par la BCE, et augmenter son plafond d'émissions d'obligations à court terme.
L'enjeu pour la zone euro est de convaincre Athènes de demander une extension du programme actuel, avant d'envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175% du PIB. La décision doit être prise au plus tard le 16 février, lors d'une nouvelle réunion de la zone euro, car plusieurs parlements doivent donner leur aval, en Allemagne et en Finlande notamment.
C'est dans ces pays, tenants de l'orthodoxie budgétaire, que les demandes grecques passent le plus mal. "Manifestement, les pays du nord ne se montrent pas du tout affectés, ni préoccupés par la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro", confie une source proche des discussions.
Une solution permettant à chaque camp de sauver la face est toutefois envisageable. "Il y a moyen, tout en ménageant dans le vocabulaire le contenu et le dispositif de suivi, d'aménager ce programme", car "les autorités grecques ont bien l'intention de mettre en ?uvre certaines réformes", souligne un diplomate.
Des concessions sémantiques auxquelles semblent également prêts les Grecs. "Nous parlerons d'un financement-relais", les Européens "l'appelleront +extension technique+", avançait mardi une source au ministère des Finances grec.
En attendant, le dossier s'invitera jeudi au sommet européen. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, rendra compte de la situation devant les dirigeants des 28, avant la nouvelle réunion des ministres lundi prochain.
Le sommet sera aussi le premier pour M. Tsipras, qui aura ainsi l'occasion de faire connaissance avec plusieurs homologues, à commencer par la chancelière allemande, Angela Merkel.
Il a été invité en Chine mercredi par le Premier ministre Li Keqiang. Athènes n'exclut pas de se tourner vers d'autres pays, comme la Chine ou la Russie, si elle ne parvient pas à trouver un accord avec l'UE sur un financement d'urgence. Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, est attendu mercredi à Moscou.
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