Le sommet de la dernière chance pour l'avenir de l'Ukraine devait débuter mercredi soir à Minsk avec l'arrivée de Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et Petro Porochenko, réunis pour négocier un plan de paix durable et mettre fin à dix mois de guerre aux portes de l'Europe.
A quelques heures du début de ce sommet crucial, très sûrement le rendez-vous diplomatique le plus important depuis le début du conflit ukrainien, les participants font monter la pression tandis que les diplomates mandatés par la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine négocient pied à pied un texte qui pourra servir de matrice pour un plan de paix.
La rencontre au Bélarus, prévue dans la soirée au terme d'une semaine d'intenses consultations diplomatiques après le lancement par le couple franco-allemand de son initiative de paix, intervient au moment où les violences sont à leur summum dans l'est de l'Ukraine. Au moins 47 personnes -- soldats, rebelles et civils -- ont ainsi péri dans des combats et bombardements lors des dernières 24 heures.
Avant de s'envoler pour Minsk, le président ukrainien Petro Porochenko a affiché sa fermeté en se disant prêt à décréter la loi martiale dans toute l'Ukraine en cas d'échec du sommet. Il a également prévenu le Kremlin que François Hollande, Angela Merkel et lui-même lui "parleront d'une seule voix".
Après avoir entretenu le doute sur leur présence dans la capitale bélarusse, le président français et la chancelière allemande iront bien à Minsk "pour tout essayer", selon l'Elysée, afin de trouver une issue diplomatique à une crise qui a généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l'URSS en 1991.
Prudent, Berlin a évoqué "une lueur d'espoir" avec le sommet de Minsk, dont le résultat est "incertain".
Depuis Washington, le président américain Barack Obama avait fait monter les enchères en appelant dans la nuit Vladimir Poutine pour lui dire que s'il continue sa stratégie "agressive" en Ukraine, la Russie verra le "prix à payer" augmenter.
Selon une source au sein de la présidence française, les négociations à Minsk entre diplomates mandatés par les quatre dirigeants sont "difficiles". Les négociateurs sont arrivés à un "document" mais "il y a encore pas mal de problèmes qui restent à régler".
A Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui fait état de "progrès notables" tout en accusant les Ukrainiens de vouloir placer un peu trop haut dans la liste des priorités du sommet la question du contrôle de la frontière entre la Russie et l'Ukraine au niveau des zones séparatistes.
Au lendemain des rencontres à Minsk, le président Petro Porochenko devrait rendre compte des négociations lors d'un sommet européen à Bruxelles.
- Donetsk bombardé -
Les heures précédant le sommet de Minsk ont été parmi les plus violentes en dix mois de conflit alors que soldats ukrainiens et rebelles cherchent à grignoter le plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations. Au total, au moins 47 civils, soldats et combattants rebelles ont péri dans des combats et bombardements.
Dans le fief rebelle de Donetsk, au moins six civils ont péri lorsque des tirs d'artillerie ont touché dans la matinée un arrêt de bus et une usine de métaux, selon les séparatistes.
"C'est arrivé pendant l'heure de pointe. Il y avait beaucoup de gens. Tout le monde allait au travail", a raconté à l'AFP Svetlana, 56 ans, qui a entendu au total cinq tirs d'artillerie.
Les violences ont fait des dizaines de victimes en plusieurs endroits des régions séparatistes. L'armée ukrainienne a annoncé avoir perdu à elle seule au moins 19 soldats durant les dernières 24 heures, dont cinq au cours de l'attaque au lance-roquettes multiples Smertch mardi soir à Kramatorsk, ville qui abrite le principal état-major militaire ukrainien dans l'Est.
Cette attaque avait fait au total 16 morts, militaires et civils, dans la ville industrielle de 200.000 habitants, reprise par l'armée ukrainienne aux rebelles en juillet et épargnée par les combats depuis.
La diplomatie ukrainienne a déclaré dans un communiqué que la Russie était "responsable" de cette attaque "au moment où surgit un espoir fragile de régler la crise et établir la paix sur le Donbass".
Ce bombardement, le premier contre le QG de l'armée depuis le début de la guerre, intervient au moment où soldats ukrainiens et rebelles cherchent à grignoter le plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.