Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et Petro Porochenko devaient se retrouver mercredi à Minsk pour un sommet de la dernière chance qui vise à mettre fin à dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine.
Cette rencontre, prévue dans la soirée au terme d'une semaine d'intenses consultations diplomatiques après le lancement par le couple franco-allemand de son initiative de paix, intervient au moment où les violences sont à leur summum dans l'est de l'Ukraine. Au moins 46 personnes, soldats, rebelles et civils, ont ainsi péri dans des combats et bombardements lors des dernières 24 heures.
Le président ukrainien Petro Porochenko, arrivé au pouvoir en promettant de mettre fin à la guerre et de reconquérir les zones rebelles, a résumé l'enjeu de Minsk: offrir "l'une des dernières chances d'instaurer un cessez-le-feu inconditionnel et un retrait des armes lourdes".
Après avoir entretenu le doute sur leur présence dans la capitale bélarusse, le président français et la chancelière allemande iront bien à Minsk "pour tout essayer" afin de trouver une issue diplomatique à une crise qui a, par ricochet, généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l'URSS en 1991.
Depuis Washington , le président américain a fait également monter les enchères en appelant dans la nuit Vladimir Poutine pour lui dire que s'il continue sa stratégie "agressive" en Ukraine, la Russie verra le "prix à payer" augmenter.
Selon une source au sein de la présidence française, les négociations à Minsk entre diplomates mandatés par les Européens, la Russie et l'Ukraine, sont "difficiles". Les négociateurs sont arrivés à un "document" mais "il y a encore pas mal de problèmes qui restent à régler".
La rencontre de Minsk sera le premier vrai sommet dans le format dit "de Normandie", impliquant les dirigeants des quatre pays qui s'étaient brièvement rencontrés en Normandie en juin puis à Milan en octobre en marge d'événements internationaux.
Il devrait offrir une chance unique de prendre au mot Vladimir Poutine qui nie toute implication de la Russie dans le conflit ukrainien.
Au lendemain de cette rencontre cruciale, le président Petro Porochenko devrait rendre compte des négociations lors d'un sommet européen à Bruxelles.
- Donetsk bombardé -
Les heures précédent le sommet de Minsk ont été parmi les plus violentes en dix mois de conflit alors que soldats ukrainiens et rebelles cherchent à grignoter le plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations. Au total, au moins 46 civils, soldats et combattants rebelles ont péri dans des combats et bombardements.
Dans le fief rebelle de Donetsk, au moins six civils ont péri lorsque des tirs d'artillerie ont touché dans la matinée un arrêt de bus et une usine de métaux, selon les séparatistes.
"C'est arrivé pendant l'heure de pointe. Il y avait beaucoup de gens. Tout le monde allait au travail", a raconté à l'AFP Svetlana, 56 ans, qui a entendu au total cinq tirs d'artillerie.
Les violences ont fait des dizaines de victimes en plusieurs endroits des régions séparatistes. L'armée ukrainienne a annoncé avoir perdu à elle seule au moins 19 soldats durant les dernières 24 heures, dont cinq au cours de l'attaque au lance-roquettes multiples Smertch mardi soir à Kramatorsk, ville qui abrite le principal état-major militaire ukrainien dans l'Est.
Cette attaque avait fait au total 16 morts, militaires et civils, dans la ville industrielle de 200.000 habitants, reprise par l'armée ukrainienne aux rebelles en juillet et épargnée par les combats depuis.
La diplomatie ukrainienne a déclaré dans un communiqué que la Russie était "responsable" de cette attaque "au moment où surgit un espoir fragile de régler la crise et établir la paix sur le Donbass".
Ce bombardement, le premier contre le QG de l'armée depuis le début de la guerre, intervient au moment où soldats ukrainiens et rebelles cherchent à grignoter le plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations.
Au sud de la ligne de front, les troupes ukrainiennes ont par ailleurs annoncé avoir déclenché une contre-offensive et repris le contrôle de trois villages à l'est du port de Marioupol, une des dernières grandes villes de la région sous contrôle ukrainien.
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