Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel et Petro Porochenko doivent se retrouver mercredi à Minsk pour un sommet de la dernière chance qui vise à mettre fin à dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts dans l'est séparatiste prorusse de l'Ukraine.
Cette rencontre au terme d'une semaine d'intenses consultations diplomatiques après le lancement par le couple franco-allemand de son initiative de paix, intervient au moment où les violences sont à leur summum dans l'est de l'Ukraine. Au moins 45 personnes, soldats, rebelles et civils, ont ainsi péri dans des combats et bombardements lors des dernières 24 heures.
Le président ukrainien Petro Porochenko, arrivé au pouvoir en promettant de mettre fin à la guerre et de reconquérir les zones rebelles, a résumé l'enjeu de Minsk: offrir "l'une des dernières chances d'instaurer un cessez-le-feu inconditionnel et un retrait des armes lourdes".
De leur côté, les séparatistes prorusses ont négocié mardi soir à Minsk avec les émissaires de Kiev, encadrés par des représentants de la Russie et de l'OSCE. Les rebelles ont ensuite soumis leurs propositions de règlement du conflit aux Ukrainiens et doivent les rencontrer de nouveau mercredi.
Selon l'émissaire de la république autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline, qui n'a pas précisé le contenu de ces propositions, il est "trop tôt pour parler d'un cessez-le-feu".
De son côté, le président américain Barack Obama a eu des entretiens téléphoniques avec son homologue russe Vladimir Poutine, ainsi qu'avec M. Porochenko.
Dans un communiqué, la Maison Blanche a mis en garde le Kremlin: "si la Russie continue ses actions agressives en Ukraine, en envoyant notamment des soldats, des armes et en finançant les rebelles, le prix à payer pour la Russie augmentera".
La rencontre de Minsk sera le premier vrai sommet dans le format dit "de Normandie", impliquant les dirigeants des quatre pays qui s'étaient brièvement rencontrés en Normandie en juin puis à Milan en octobre en marge d'événement internationaux.
Il devra offrir une chance unique de prendre au mot Vladimir Poutine qui nie toute implication de la Russie dans le conflit ukrainien, qui a provoqué par ricochet la pire crise entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.
- Donetsk bombardé -
Sur le terrain, au moins cinq civils ont péri lorsque des tirs d'artillerie ont touché mercredi matin un arrêt de bus et une usine de métaux à Donetsk, bastion des séparatistes prorusses, selon l'administration de la ville.
"Ca a eu lieu pendant l'heure de pointe. Il y avait beaucoup de gens. Tout le monde allait au travail", a raconté à l'AFP Svetlana, 56 ans, qui a entendu au total cinq tirs d'artillerie.
Auparavant, l'armée avait annoncé la perte d'au moins 19 soldats durant les dernières 24 heures, dont cinq au cours de l'attaque au lance-roquettes multiples Smertch mardi soir à Kramatorsk, ville qui abrite le principal état-major militaire ukrainien dans l'Est.
Cette attaque avait fait au total 16 morts, militaires et civils, dans la ville industrielle de 200.000 habitants, reprise par l'armée ukrainienne aux rebelles en juillet et épargnée par les combats depuis.
La diplomatie ukrainienne a déclaré dans un communiqué que la Russie était "responsable" de cette attaque "au moment où surgit un espoir fragile de régler la crise et établir la paix sur le Donbass".
Ce bombardement, le premier contre le QG de l'armée depuis le début de la guerre, intervient au moment où soldats ukrainiens et rebelles cherchent à grignoter le plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations.
Au sud de la ligne de front, les troupes ukrainiennes ont par ailleurs annoncé avoir déclenché une contre-offensive et repris le contrôle de trois villages à l'est du port de Marioupol, une des dernières grandes villes de la région sous contrôle ukrainien.
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