Dominique Strauss-Kahn a affirmé mardi, à son premier jour d'audition au procès du Carlton, qu'il ignorait que ses partenaires étaient des prostituées et exposé une vision libertine du sexe, campant sur une ligne de défense que le témoignage de plusieurs prostituées a tenté d'entamer.
"Vous n'avez pas changé d'avis?", demande d'abord le président du tribunal correctionnel de Lille à l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI). "Sur la connaissance de l'aspect prostitutionnel? Non", répond DSK.
C'est l'un des points fondamentaux: il encourt jusqu'à dix ans de prison s'il est reconnu coupable de l'accusation de proxénétisme aggravé, pour laquelle il est poursuivi aux côtés de 13 autres prévenus.
"Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées. Je n'avais pas le temps d'organiser une quelconque soirée", ajoute l'ex-vedette de la politique française, entendu pour la première fois depuis le début du procès le 2 février. Il était à l'époque des faits directeur du FMI, aux prises avec une grave crise financière mondiale. Et songeait sérieusement à la présidentielle de 2012.
"Étiez-vous l'homme le plus important de ce monde?" lui demande Bernard Lemaire, le président du tribunal. DSK répond en toute simplicité: "Je ne sais pas si c'était le cas, mais on le pensait."
- Pour faire la fête, sans prostituées -
Ne semblant jamais gêné par les questions, parfois directes, qui lui sont posées, M. Strauss-Kahn, en costume bleu marine et cravate claire, répond calmement, avec aisance, à toutes les questions même les plus intimes, poursuivant sa démonstration.
"Ce n'est pas ma conception des relations sexuelles que de le faire avec des prostituées", dit celui qui a même "horreur" que l'on y recourt. Autant par goût, -il souhaite que ce soit "la fête"-, que par crainte des "pressions" auxquelles pourraient être soumises des professionnelles.
DSK enfonce le clou, assurant qu'il aurait "cessé de participer à ces soirées" s'il avait su que ces femmes étaient rémunérées, insistant sur la notion de soirée libertine, où on se réunit "pour le plaisir du sexe et pas pour des raisons affectives".
Pour lui, ces femmes "accompagnaient des amis", toujours le même cercle, lors d'un "après-midi festif", une "soupape de récréation", alors qu'il avait un emploi du temps chargé.
Appelé à la barre, Fabrice Paszkowski, l'un des prévenus, accusé d'avoir été l'un des recruteurs des prostituées, va dans le même sens, affirmant ne jamais avoir dit à son ami DSK que les soi-disant libertines étaient payées.
- 'Ce n'était pas du libertinage' -
Face à cette vision festive du sexe exposée par M. Strauss-Kahn, plusieurs ex-prostituées ayant participé aux rencontres insistent plutôt sur une brutalité éloignée d'un aimable libertinage.
Par son langage parfois cru, Jade, principale accusatrice de l'ancienne vedette du monde politique, évoque une après-midi à l'hôtel Murano à Paris, sa première rencontre avec DSK, en ces termes: "Il y avait un monsieur (DSK, ndlr) avec beaucoup de femmes autour", commence-t-elle.
"Ce n'était pas du libertinage, il n'y avait pas d'autres hommes", raconte l'ancienne prostituée belge, qui parle d'une séance "un peu bestiale".
Expliquant lui avoir prodigué une fellation avec préservatif, elle se permet d'ailleurs un mot, répondant au juge qui lui demandait si elle avait parlé avec DSK: "Pas vraiment, car je l'avais en bouche."
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