La tension est montée mardi au procès Bettencourt où le député UMP Eric Woerth a une nouvelle fois formellement démenti les accusations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, qui maintient que le gestionnaire de fortune de la milliardaire lui a remis des fonds en pleine campagne présidentielle 2007.
"Je n'ai pas reçu d'argent liquide" de Patrice de Maistre, ancien financier personnel de Mme Bettencourt, a martelé l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy.
Loin des donations par centaines de millions examinées jusqu'à présent, le procès pour abus de faiblesse aux dépens de l'héritière de L'Oréal s'est concentré mardi à Bordeaux sur une seule somme de 50.000 euros: l'enveloppe que M. Woerth, alors trésorier de campagne de M. Sarkozy, est soupçonné d'avoir reçu de M. de Maistre.
Eric Woerth, 59 ans, est poursuivi pour le "recel" dans ce volet de l'affaire. Quant à M. Sarkozy, mis en examen en 2013 dans ce dossier, il a depuis bénéficié d'un non-lieu.
Depuis le début de l'affaire Bettencourt, Claire Thibout assure que M. de Maistre lui a demandé de retirer 150.000 euros destinés à l'ex-ministre Eric Woerth. Et elle assure ne lui en avoir donné que 50.000, faute de pouvoir effectuer un retrait plus important à la banque.
"Il y a une chronologie étonnante, une proximité de dates avec des remises d?argent", a lancé le président du tribunal correctionnel de Bordeaux Denis Roucou, à M. de Maistre, relevant une coïncidence entre sorties de liquidités, remises de fond et rendez-vous, entre les 17, 18 et 19 janvier 2007.
"A partir de ces rapprochements de dates, Mme Thibout a construit quelque chose pour me nuire", s'est défendu M. de Maistre, rétorquant que "c'est une pure invention depuis le début".
- 'Je ne l'ai pas inventé' -
Entendue durant 4h30 par visioconférence depuis le TGI de Paris, visiblement tendue mais combative, l'ex-comptable de 56 ans a pourtant maintenu intégralement ses accusations.
Oui, M. de Maistre lui a réclamé 150.000 euros, et quand elle lui demanda pourquoi, il lui répondit: "C'est pour remettre à Eric Woerth, je dois le voir, c'est pour la campagne de Nicolas Sarkozy".
Selon elle, l'argent a ensuite été remis, le 18 janvier, dans une enveloppe à Liliane Bettencourt, qui l'a remise à son tour à Patrice de Maistre, lors d'un rendez-vous des trois protagonistes chez sa patronne.
"Quelques jours plus tard, Patrice de Maistre m'a dit (): +Ca sert d'avoir des comptes en Suisse+. J?ai compris qu?il avait récupéré le reste en Suisse", a poursuivi l'ex-comptable. "Il m'a dit cela, je ne l'ai pas inventé. Je m'en rappelle comme si c?était hier", a-t-elle souligné.
"Je sais ce que j'ai fait, je sais ce que je n'ai pas fait", a rétorqué M. Woerth. "Je n'ai pas reçu d'argent liquide de M. de Maistre pour financer cette campagne ou quoi ce soit d'autre, lors de ces rendez-vous ou de tout autre rendez-vous", a répété le député UMP après avoir entendu le témoignage à charge de Mme Thibout, une fois la visio-conférence interrompue.
Eric Woerth a expliqué que ses rendez-vous avec M. de Maistre, membre du 1er cercle de donateurs de l'UMP, visait notamment à discuter de donateurs potentiels et de son réseau.
- 'La preuve est impossible' -
"La preuve est impossible, la preuve est totalement impossible", a convenu M. Woerth, à la fois calme et volubile. Mais lors de cette campagne présidentielle 2007, "nous avons été chercher des dizaines de milliers de chèques" de financement licite, "ce n'était pas pour courir dans je ne sais quel café recevoir je ne sais quel argent" occulte.
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