Dominique Strauss-Kahn estime n'avoir rien à se reprocher: il n'a pas organisé les soirées libertines et ignorait que ses partenaires étaient des prostituées, d'autant qu'il n'en est pas amateur. L'ancien patron du FMI a clairement affiché sa ligne de défense mardi au procès du Carlton.
"Vous n'avez pas changé d'avis?", demande le président du tribunal correctionnel de Lille à l'ancien directeur général du Fonds monétaire international. "Sur la connaissance de l'aspect prostitutionnel? Non", répond DSK.
"Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées. Je n'avais pas le temps d'organiser une quelconque soirée", a déclaré à l'audience l'ex-politicien vedette français, qui encourt jusqu'à dix ans de prison s'il est reconnu coupable de l'accusation de proxénétisme aggravé pour laquelle il est poursuivi aux côtés de 13 autres prévenus.
A la lecture de l'ordonnance de renvoi "on a l'impression d'une activité frénétique", où les dates se mélangent de manière imprécise, regrette l'ancien ministre. "Il n'y a pas eu cette activité débridée", ajoute-t-il.
"Quatre rencontres par an pendant deux ans", comptabilise-t-il. Il reconnaît cependant que cela ne change rien aux faits reprochés.
A la reprise de l'audience en début d'après-midi, ne semblant jamais gêné par les questions, parfois directes, qui lui sont posées, M. Strauss-Kahn répond calmement, avec aisance, à toutes les questions.
"Ce n'est pas ma conception des relations sexuelles que de le faire avec des prostituées", explique-t-il ainsi doctement, aussi bien par goût, souhaitant que ce soit "la fête", que par crainte des "pressions" auxquelles pourraient être soumises des professionnelles.
- Accueilli par trois Femen -
Déjà dans la matinée, DSK, les traits un peu tirés, en costume sombre, cravate claire, ne s'est dérobé à aucune question. "Etiez-vous l'homme le plus important de ce monde?", lui demande Bernard Lemaire, le président du tribunal. DSK répond en toute simplicité: "Je ne sais pas si c'était le cas mais on le pensait".
Le président du tribunal lit la lettre envoyée par M. Strauss-Kahn au moment où, durant l'instruction, il a refusé une expertise psychiatrique. "Je n'ai commis ni crime ni délit", écrit DSK.
Son arrivée mardi matin n'était pas passée inaperçue. Il a été accueilli par trois Femen aux cris de "Macs, clients, déclarés coupables!". L'une des militantes féministes s'est même jetée sur le capot de sa voiture.
Trois ans et demi après les premières fuites dans la presse sur son éventuelle implication dans cette affaire, l'ancien favori des sondages avant la présidentielle de 2012, âgé de 65 ans, a deux jours et demi pour tenter de se disculper à la barre.
Le juge d'instruction a cependant estimé que DSK était au courant de la présence de prostituées, mais aussi qu'il avait commis un "acte positif", en mettant à disposition un appartement à Paris pour des rencontres avec elles.
Trois autres hommes sont principalement entendus depuis mardi matin aux côtés de DSK : Fabrice Paszkowski, son ami dans le Pas-de-Calais, David Roquet, ex-directeur d'une filiale d'Eiffage, considérés comme "organisateurs", "recruteurs" et "payeurs", et le policier Jean-Christophe Lagarde, comme "accompagnateur".
Le rôle de DSK a été plus débattu. Le procureur avait d'ailleurs requis un non-lieu sur son renvoi devant le tribunal correctionnel. Le ministère public ne l'a d'ailleurs presque pas interrogé mardi.
Ce que reproche la justice à cette équipe, c'est d'avoir amené des prostituées à des soirées organisées à Lille, Paris ou encore Washington, pour faire plaisir à Dominique Strauss-Kahn, "roi de la fête" qui, au minimum, ne pouvait être dupe du petit manège, selon l'accusation.
- Un rapport 'brutal mais consenti' -
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