"Tout est sur la table, il faut avancer" annonce le directeur du Centre hospitalier du Cotentin (CHPC), Maxime Morin. Il y a quelques jours, il a pris connaissance du rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas), fruit d'un an de travail sur l'hôpital du nord de la Manche, qui s'étend sur les sites de Cherbourg et Valognes. Un rapport commandé par la ministre de la Santé en 2013, alors que le dialogue social sur la réorganisation du travail était au point mort, après plusieurs journées de grève.
"Ce rapport fait un constat : l'activité de l'hôpital est en baisse, tout comme la démographie médicale. Les charges de personnels représentent une grande partie des dépenses. Enfin, l'hôpital de Cherbourg n'attire pas les patients qui habitent au-delà de 40 km, qui préfèrent aller au CHU de Caen" indique Maxime Morin. L'Igas met en lumière des dispositifs "spécifiques et couteux" qui ne suffisent pas à attirer les patients. "Faut-il les maintenir ? Si oui, avec quel financement ?" questionne le directeur qui estime que le déficit cumulé représentait entre 35 et 40 millions d'euros fin 2014.
Des services menacés
Parmi les services visés, la réanimation néonatale, qui permet à la maternité de Cherbourg d'être classée au niveau 3, tout comme celle du CHU de Caen. "Il faut effectuer une étude "miroir" avec le CHU de Caen sur les conséquences éventuelles d'une fermeture de ce service. Cela nécessiterait de transporter les mamans et leurs bébés à Caen, et le CHU ne pourra pas former tous les internes spécialisés dans ce domaine..." note le directeur :
Maxime Morin
Chaque année, environ 2 000 bébés naissent à la maternité, contre 3 à 3 500 dans les établissements de taille comparable. Pour l'intersyndicale CGT-FO-FAFPH, descendre au niveau 2 conduirait à la disparition de la maternité toute entière d'ici dix ans, comme le suggère Eric Labourdette :
Eric Labourdette
Autre service remis en question, les urgences de nuit à Valognes, qui pourraient être fermées comme ce fut envisagé pendant l'été 2014. Le SMUR, service mobile d'urgence et de réanimation, serait alors renforcé sur le pays valognais. Là encore, "une abberation", selon les syndicats, qui espèrent que les élus agiront :
Eric Labourdette
Soins palliatifs
Déjà entrepris il y a plusieurs mois, la réduction du nombre de lits, la fermeture de blocs opératoires, la réorganisation des pôles de services, l'accueil de jeunes médecins. "Il faut améliorer la moyenne de temps de travail par rapport au coût du personnel" insiste Maxime Morin. Selon l'intersyndicale, le rapport Igas préconise la suppression de "186,7 équivalents temps plein". "C'est un plan social déguisé, on tape sur le personnel paramédical". Les postes administratifs et notamment les secrétaires médicaux seront aussi concernés par ces réductions d'effectifs.
Concernant les améliorations à apporter, la direction souhaite mettre l'accent sur les soins palliatifs. Une douzaine de lits seront d'aillleurs installés sur Valognes dès cette année. "Un choc démographique nous attend et la Basse-Normandie est en avance. Pourtant il n'y a qu'une seule unité de soins palliatifs et elle est à Caen" explique Maxime Morin :
Maxime Morin
Autre proposition : développer la coopération avec la polyclinique du Cotentin et les médecins traitants. "Le CHPC souffre d'un déficit d'image, il faut que les médecins renvoient leurs patients à l'hôpital de Cherbourg au lieu de celui de Caen ou au centre Baclesse spécialisé contre le cancer".
A charge désormais aux syndicats et à la direction de définir une "feuille de route" sur la base du rapport Igas. Et le directeur de concéder qu'il y aura certainement "des points d'accroche"...
"Une gangrène"
De son côté, le syndicat CFDT qui avait quitté l'intersyndicale en octobre 2013, qualifie ce rapport de "gangrène". "186,7 emplois de supprimés au lieu de 150 prévus" souligne l'organisation. "Que de temps perdu pour arriver à pire, au final ! Il est bien temps d’accepter les réunions de travail pour essayer de faire quelque chose, à l’heure où tout va nous être imposé !" constate le syndicat, qui indique qu'il n'a pas été convié à la présentation du rapport à l'Agence Régionale de Santé.
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