Formations gratuites, garantie de loyer, places en crèches: le ministre du Travail, François Rebsamen, a dévoilé lundi vingt mesures contre le chômage de longue durée, fléau érigé en "cause nationale" par le président François Hollande.
"Le risque qu'il faut combattre, c'est le risque d'une exclusion durable difficilement réversible même en cas de retour de la croissance", a alerté M. Rebsamen en présentant son plan.
Fin 2014 en métropole, petite activité comprise, plus de 2,2 millions de chômeurs pointaient à Pôle emploi depuis au moins un an, soit 43% de l'ensemble des inscrits. Pire, 705.000 demandeurs d'emploi restaient bloqués sur les listes de l'opérateur depuis plus de trois ans. Ce chiffre a explosé de 19,1% sur un an.
Pour enrayer le phénomène, le ministre a annoncé la création d'un "droit réel à une formation qualifiante gratuite pour les demandeurs d'emploi", dans le cadre du nouveau compte personnel de formation (CPF). Cette mesure entrera en vigueur "à compter de mars 2015".
Les formations seront financées par les droits individuels à la formation (DIF) déjà acquis par le demandeur d'emploi, par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) à hauteur de 220 millions d'euros, ainsi que par Pôle emploi et les conseils régionaux.
Parallèlement, le gouvernement compte lever les freins sociaux à la recherche d'emploi.
Premier frein, le logement. La garantie de loyer sera ouverte "aux demandeurs d'emploi retrouvant un emploi", hors CDI confirmé, a annoncé le ministre du Travail. Cette mesure sera financée par les contributions employeurs collectées par l'organisme paritaire Action logement.
Deuxième frein, la garde d'enfant. Le gouvernement compte permettre aux demandeurs d'emploi de "faire garder (leurs) enfants le temps d'un entretien d'embauche, d'une visite dans une agence Pôle emploi, d'une formation, voire de sa période d'essai".
Des discussions vont s'engager avec Pôle emploi, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et les entreprises de crèches pour "élaborer dans les six mois des solutions concrètes".
- Pas d'objectif chiffré -
Dernier axe du plan: accompagner les demandeurs d'emploi de très longue durée dans leur reprise d'emploi, pour rassurer les employeurs.
François Rebsamen a annoncé un nouveau "suivi dans l'emploi", pour prolonger l'accompagnement de Pôle emploi ou des missions locales jusqu'à la fin de la période d'essai.
Il compte également s'appuyer sur les "périodes de mise en situation en milieu professionnel", adoptées en mars 2014, pour confronter les chômeurs aux réalités de l'entreprise.
Le plan du gouvernement comporte également plusieurs mesures déjà connues. Parmi elles, le doublement d'ici à 2017 du nombre de chômeurs en accompagnement intensif (modalités de suivi adaptées aux personnes les plus éloignées de l'emploi) par Pôle emploi ou la création d'un contrat de professionnalisation "nouvelle carrière" pour les seniors.
François Rebsamen s'est toutefois défendu d'avoir "recyclé des mesures".
En juillet dernier, le chômage de longue durée avait été érigé en "cause nationale" par le président François Hollande, après l'annonce d'une première salve de mesures dans le cadre du plan seniors.
Celles-ci n'avaient pas suffi à inverser la tendance.
La lutte contre ce fléau est d'autant plus ardue qu'il cache des profils très divers. Certains, les moins éloignés de l'emploi, alternent contrats courts et périodes de chômage ou travaillent à temps partiel, quand d'autres sont réellement exclus du marché du travail.
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