Des vagues de huit mètres, un vent de force 7 et un froid glacial: près d'une trentaine de migrants qui tentaient de traverser la Méditerranée sont morts d'hypothermie entre dimanche et lundi, malgré les efforts des gardes-côtes italiens.
Ils étaient 105 migrants, originaires d'Afrique sub-saharienne, partis de Libye à bord d'une embarcation de fortune dans l'espoir de gagner l'Europe.
Dimanche après-midi, alors qu'ils se trouvaient encore près des côtes libyennes, ils ont appelé les gardes-côtes italiens au secours par téléphone satellitaire.
Un navire commercial qui se trouvait dans la zone a été détourné, et deux vedettes des gardes-côtes sont parties de l'île de Lampedusa, en dépit d'"une situation véritablement dramatique, de vagues de 8 mètres et de vents de nord-ouest de force 7", a déclaré Filippo Marini, un porte-parole des gardes-côtes.
A leur arrivée sur zone, les deux vedettes ont embarqué les migrants. Sept d'entre eux étaient déjà morts de froid et malgré les efforts du personnel médical présent à bord, plus d'une vingtaine d'autres sont morts pendant l'interminable trajet vers Lampedusa.
En raison des conditions climatiques, les vedettes ne sont en effet rentrées au port de l'île italienne que lundi dans l'après-midi. Une source médicale de l'île a confirmé à l'AFP qu'il y avait alors 29 cadavres à bord.
Les secours cherchaient à évacuer par hélicoptère vers la Sicile ou d'autres sites mieux équipés plusieurs autres migrants qui se trouvaient encore en hypothermie.
L'hiver et le mauvais temps n'ont pas mis un terme aux départs de migrants clandestins, essentiellement depuis la Libye, après une année 2014 record qui a vu plus de 170.000 personnes débarquer en Italie.
Selon le ministère italien de l'Intérieur, 3.528 migrants sont encore arrivés en janvier.
- L'après Mare Nostrum -
En trois semaines entre fin 2014 et début 2015, les gardes-côtes avaient d'ailleurs sauvé près de 3.000 migrants, dont plus de 2.000 dans des conditions dramatiques, alors qu'ils se trouvaient sur des cargos abandonnés par leur équipage près des côtes italiennes.
"Je suis bouleversé, je suis vraiment bouleversé. Je ne réussirai jamais à m'habituer à ces tragédies", a déclaré à l'agence AGI le directeur sanitaire de Lampedusa, Pietro Bartolo.
"Mais cette fois, je peux dire que cette tragédie pouvait être évitée (). Ces réfugiés pouvaient être sauvés. Il aurait fallu qu'on aille les prendre avec des navires militaires et non ces vedettes, en pleine mer avec ce gel et ce mauvais temps", a-t-il ajouté.
"Avec la fin de Mare Nostrum, nous recommençons à compter les morts en mer", a-t-il regretté.
La vaste opération de sauvetage en mer "Mare Nostrum", mise en place à l'automne 2013 après un naufrage ayant fait 366 près de Lampedusa, a progressivement cédé la place depuis novembre à "Triton", une opération européenne de contrôle des frontières.
Mais "Mare Nostrum", qui coûtait plus de 9 millions d'euros par mois aux contribuables italiens, envoyait des navires militaires patrouiller jusqu'au large de la Libye, tandis que "Triton", avec un budget trois fois moindre, ne prévoit de faire sortir ses bateaux des eaux territoriales italiennes que de manière exceptionnelle.
"Horreur au large de Lampedusa. Des gens sont morts non pas dans un naufrage mais de froid. Voilà les conséquences de l'après-Mare Nostrum", a réagi sur Twitter la présidente de la Chambre des députés italiens, Laura Boldrini.
"Les 366 morts de Lampedusa n'ont servi à rien, les paroles du pape (François sur l'accueil des migrants) n'ont servi à rien", s'est insurgée dans les médias italiens la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini.
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