La résolution du Premier ministre grec Alexis Tsipras à vouloir s'affranchir du programme international d'aide à la Grèce et de ses contraintes a attisé lundi les doutes sur la possibilité d'une solution négociée avec les partenaires européens, dont une Allemagne extrêmement sceptique.
L'apparente sérénité d'Athènes contrastait avec la défiance manifestée par Berlin, dont le ministre des Finances Wolfgang Schäuble avouait, après le discours de politique générale d'Alexis Tsipras, "ne toujours pas comprendre comment le gouvernement grec veut s'y prendre".
"S'ils (les Grecs) veulent notre aide, il faut un programme" conclu avec les créanciers afin d'obtenir notamment des financements de la Banque centrale européenne, a confié le ministre allemand en marge d'une rencontre avec ses homologues du G20 à Istanbul.
Invité à Vienne par son homologue autrichien Werner Faymann, le Premier ministre Alexis Tsipras s'est dit au contraire "optimiste" sur les chances de compromis avec l'Union européenne, à deux jours d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.
Car si l"humeur" au sein de la zone euro n'est pas propice à une satisfaction "sans condition" des demandes du gouvernement grec, a averti le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, cela peut signifier aussi que certaines demandes de la Grèce, permettant aux deux parties de sauver la face, pourraient être acceptées.
Alexis Tsipras s'est engagé dans son discours dimanche soir au parlement, à refuser toute extension du programme en vigueur depuis 2010 sous contrôle des créanciers du pays (UE, BCE, FMI). Celui-ci fixe à la Grèce un certain nombre d'objectifs économiques en échange d'un engagement de 240 milliards de prêts internationaux.
Ce programme était censé arriver à échéance début 2015 à condition qu'Athènes consente à quelques efforts supplémentaires.
Mais le nouveau gouvernement de gauche radicale a été élu fin janvier sur la promesse de changer ces règles du jeu et de refuser toute concession supplémentaire à la rigueur. En rupture avec le programme en cours, Athènes en propose un programme de financement-relais consenti par l'UE sans mesure d'austérité, pour permettre au pays de joindre les deux bouts le temps de présenter un programme plus complet de réformes structurelles (réforme fiscale, lutte contre la corruption).
Cette seconde plate-forme de mesures serait mise en oeuvre à partir du 1er septembre, a indiqué lundi une source au ministère des Finances.
- "Ni Yes man, ni No man" -
La "ligne rouge" que se fixe la Grèce, a ajouté cette source, est de pouvoir engager le programme de dépenses souhaité pour sortir le pays de sa "crise humanitaire", et obtenir "une forte réduction des objectifs d'excédent budgétaire primaire" qui sont imposés au pays (1,5% du PIB du pays au lieu de 3% prévu pour 2015).
Le compromis avec Bruxelles semble également possible au ministre des Finances Yanis Varoufakis qui a dit avoir "en tête la demande du peuple de pas reculer et en même temps notre devoir de trouver une solution".
Il a promis aux députés de ne se comporter à Bruxelles "ni en +yes man+, ni en +no man+, juste en citoyen européen", "s'efforçant de dire +oui+ à chaque solution honnête qui ne jettera pas la Grèce dans la crise".
Athènes espère amadouer ses interlocuteurs en les persuadant de sa volonté de réformer en coopération avec l'OCDE. Le secrétaire général de l'institution Angel Gurria sera à Athènes mardi.
La plupart des observateurs ne s'attendent pas cependant à une issue des négociations mercredi, mais plutôt lors de la réunion de l'eurogroupe du lundi 16 février. Signe que le dialogue est loin d'être rompu entre l'UE et la Grèce, deux émissaires de la zone euro étaient dimanche à Athènes pour rencontrer des responsables du gouvernement. Parmi eux Declan Costello, représentant de l'UE au sein de la troïka avec laquelle le gouvernement grec a dit ne plus vouloir traiter dans l'avenir.
L'aléa qui demeure sur l'issue des discussions a incité le Premier ministre britannique David Camero
n à convoquer lundi une réunion pour discuter des conséquences d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro ou d'un défaut de paiement.
La bourse d'Athènes a connu une journée de dégringolade terminant à -4,75 %.
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