A l'issue d'un bras de fer de plusieurs mois, les négociations salariales dans le transport routier ont pris fin lundi sur un "échec total", les syndicats évoquant un "clash" avec un patronat venu, selon eux, les mains vides.
Les deux camps s'étaient retrouvés en début d'après-midi à la Direction Générale du Travail à Paris pour boucler un cycle de négociations annuelles obligatoires (NAO) marqué, depuis son lancement début novembre, par de fortes tensions.
Mais les retrouvailles ont rapidement viré au "clash", selon la CGT, qui estime que "le patronat est revenu sans rien" de nouveau par rapport à la précédente séance.
Mardi dernier, les chambres patronales avaient fait des propositions pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés. Parmi elles, la réduction de la carence maladie (de 5 à 3 jours), une meilleure prise en charge de la mutuelle obligatoire ou encore une hausse des indemnités de déplacement.
Mais sur la question des salaires, "cruciale" pour la CGT, il n'était pas question pour elles d'aller au-delà des 1 à 2% d'augmentation proposés selon les coefficients, là où les syndicats réclament 5% pour tous.
Le patronat "est allé à la limite de ce qui pouvait (lui) sembler raisonnable", avait estimé avant l'ultime séance de négociation Jean-Christophe Pic, le président de la FNTR, première organisation professionnelle du secteur.
"Sur les 2%, c'est comme s'ils donnaient zéro", a répliqué Patrice Clos (FO), expliquant que cette hausse ne constitue qu'un simple rattrapage du Smic, après deux années sans augmentation générale.
A l'embauche, les plus bas salaires de la convention collective du transport routier de marchandises (TRM) sont actuellement sous le salaire minimum (9,61 euros en 2015).
"On est arrivé dans une situation de blocage" avec une partie patronale faisant preuve d'une "dogmatisme très important", selon Thierry Douine, le président de la CFTC Transports, qui a qualifié les négociations d'"échec total".
- Pas de blocages -
L'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) qui a multiplié en janvier les opérations de blocages, se réunira mercredi à 18H00, pour décider des suites à donner. Elle pourra compter sur la présence de la CFDT Transports, syndicat majoritaire, qui jusqu'à présent faisait cavalier seul.
Dans l'immédiat, une reprise des actions revendicatives sur le terrain n'est pas à l'ordre du jour. Les syndicats privilégient pour l'instant une réponse plus "politique", selon M. Douine.
"On va aller dans le sens d'un blocage systématique des négociations sociales dans toutes les branches du transport", avertit le responsable CFTC.
La menace avait été lancée la semaine dernière par la CFDT. Le premier syndicat avait expliqué qu'en cas d'échec des négociations, il ne serait "pas signataire de l?accord formation professionnelle et s?assurera qu?aucun métier relevant de la branche ne sera inscrit sur les listes éligibles au Compte Personnel de Formation".
Les autres syndicats s'étaient joints à cet avertissement, faisant valoir qu'un tel scénario priverait les entreprises du secteur d'une manne financière conséquente.
Évoquant des "menaces" "pas acceptables", les organisations patronales FNTR, TLF et Unostra avaient dénoncé un "chantage à la signature" dont les "premières victimes" seront "les salariés du secteur eux-mêmes".
"En raison d'un désaccord en transport de marchandises, toute avancée sera interdite dans tous les autres secteurs de la convention collective (transport de voyageurs, transport de fonds, transport sanitaire, logistique)", avaient-elles regretté.
De son côté, la chambre patronale représentant les PME (l'OTRE) espérait encore "un retour positif" des syndicats lundi. Mais si le statu quo persistait, "on aura sonné la fin de la récréation. Nous ferons face à un échec largement constaté", avait-elle prévenu.
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