L'Union européenne a reporté lundi la mise en oeuvre de nouvelles sanctions contre la Russie, à l'approche d'un sommet attendu à Minsk sur un plan de paix visant à mettre fin à dix mois de guerre en Ukraine.
La question de l'opportunité de livrer des armes létales à l'Ukraine devrait en outre être au coeur des négociations entre Barack Obama et Angela Merkel, qui se rencontrent lundi à Washington. La chancelière allemande exposera également au président américain l'initiative de paix franco-allemande, présentée la semaine dernière à Kiev et à Moscou.
Lundi, si Bruxelles a confirmé le principe de nouvelles sanctions décidées après le bombardement en janvier par les rebelles pro-russes de la ville ukrainienne de Marioupol, qui avait fait 31 morts, elle a reporté au 16 février leur entrée en vigueur "pour laisser de la marge aux efforts diplomatiques", a expliqué une porte-parole de la Commission européenne.
Cette décision intervient à deux jours du sommet "de la dernière chance" sur l'Ukraine auquel prendront part à Minsk, la capitale du Bélarus, Angela Merkel ainsi que les présidents français, François Hollande, ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine. Ce dernier est accusé par Kiev et les Occidentaux d'armer les rebelles et d'avoir déployé ses troupes en Ukraine, ce que Moscou nie.
Un des points cruciaux du plan de paix préparé par M. Hollande et Mme Merkel est le contrôle de la frontière ukraino-russe dans les territoires aux mains des rebelles.
"Le contrôle de la frontière devrait être réalisé par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dont des observateurs sont déjà présents sur le terrain, ndlr). "C'était notre proposition et celle de l'OSCE, mais les Russes la bloquent", a déclaré lundi à l'AFP un des plus hauts responsables de la diplomatie ukrainienne, Olexi Makeev.
Selon des médias et des sources diplomatiques occidentales, le plan, pas dévoilé dans sa totalité, vise à faire appliquer les accords de paix conclus il y a cinq mois à Minsk et prévoit une plus large autonomie des régions rebelles. Il retiendrait la ligne de front actuelle et prévoirait une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de celle-ci.
- La tenue du sommet encore incertaine -
Mais les autorités ukrainiennes ont maintes fois jugé inacceptable de retenir l'actuelle ligne de front. Les séparatistes occupent en effet 500 kilomètres carrés supplémentaires par rapport à celle de septembre, quand avaient été signés les accords de Minsk.
Une autre question litigieuse concerne le "statut des territoires" conquis par les séparatistes, Moscou insistant sur la constitution d'une fédération, idée évoquée aussi dans certaines capitales européennes. L'Ukraine la dénonce, y voyant une tentative du Kremlin de s'assurer un droit de veto sur les décisions de Kiev, et n'accepte que la perspective d'une plus large autonomie de ces régions.
Mais la tenue du sommet de Minsk est encore incertaine, a souligné lundi le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, au moment où des diplomates des quatre pays concernés se réunissent à Berlin pour le préparer.
Son organisation dépendra essentiellement des résultats de la réunion mardi du Groupe de contact trilatéral sur l'Ukraine, a de son côté estimé M. Makeev. Ce groupe comprend des représentants ukrainiens, russes ainsi que celui de l'OSCE. Les rebelles doivent aussi participer à cette rencontre, qui se déroulera à Minsk.
A la Maison Blanche, M. Obama et Mme Merkel devraient pour leur part discuter de la possibilité de livrer des armes létales à l'Ukraine, à laquelle Washington a dit pour la première fois réfléchir la semaine dernière.
Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Mme Merkel, qui s'est toujours prononcée contre cette option, a menacé vendredi le président russe de ne plus s'y opposer s'il rejetait le plan de paix européen. Elle aurait également brandi la menace de nouvelles sanctions contre la Russie et donné à Vladimir Poutine jusqu'à mercredi pour répondre.
"Personne n'a jamais parlé et ne peut parler au président, même s'il le souhaite, sur le ton de l'ultimatum", a rétorqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la radio "Ici Moscou".
Sur le terrain, le bilan des hostilités ne cessait de s'alourdir avec 20 nouveaux morts, dont 11 civils, selon les chiffres donnés séparément lundi par Kiev et les rebelles.
Les attaques des séparatistes se sont notamment intensifiées près de la ville-clef de Debaltseve, où les rebelles essaient d'encercler l'armée ukrainienne. Pour de nombreux commentateurs, ces manoeuvres visent à mettre Moscou en position de force avant les négociations.
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