L'économie française s'achemine vers une nette embellie au premier trimestre 2015, tirée par le secteur manufacturier, si l'on en croit la première estimation de la Banque de France, que plusieurs économistes jugent toutefois optimiste.
La banque centrale prévoit une croissance de 0,4% du Produit intérieur brut (PIB) français au premier trimestre, après seulement 0,1% au quatrième trimestre 2014, d'après son enquête mensuelle auprès des entreprises, publiée lundi.
Une telle progression conforterait la prévision du gouvernement, qui vise une croissance de 1% sur l'ensemble de l'année 2015, après 0,4% l'an dernier.
Selon la Banque de France, ce rebond serait mené par le secteur manufacturier, où la production et les livraisons ont progressé "nettement" en janvier et où les chefs d'entreprise prévoient une nouvelle hausse de la production en février.
L'indice synthétisant le climat des affaires dans ce secteur progresse ainsi à 98 en janvier, après 97 en décembre, tout près de sa moyenne de long terme (100).
Cette prévision rejoint les enseignements de la dernière enquête de l'Insee sur le moral des industriels, publiée le 23 janvier, souligne Axelle Lacan, économiste au Crédit Agricole: si l'indice global est resté stable à 99, les perspectives personnelles de production ont rebondi de huit points, dépassant leur moyenne de long terme, or c'est "la composante la mieux corrélée à la progression de l'activité", note l'économiste.
Baisse du pétrole, dépréciation de l'euro, taux d'intérêt toujours très faibles "On a clairement plus de signaux favorables", ajoute Mme Lacan.
Le Crédit Agricole reste toutefois plus prudent que la Banque de France, prévoyant "une croissance de 0,2% en rythme trimestriel". "Il ne faut pas oublier qu'on a beaucoup de contraintes qui pèsent sur l'activité, notamment le taux de chômage à un niveau élevé, qui bride la progression de la consommation des ménages", principal moteur de la croissance en France, rappelle l'économiste. Elle cite aussi la poursuite de l'ajustement budgétaire, avec 21 milliards d'économies prévues en 2015 sur les dépenses publiques.
Même son de cloche chez Michel Martinez, économiste à Société Générale, qui table sur 0,1% ou 0,2% de croissance au premier trimestre 2015.
- 'Un message trop optimiste' -
L'économiste estime en particulier que les attentats qui ont frappé la France au mois de janvier auront "un impact plus prononcé que l'on croit" sur la consommation et le tourisme. "Rien que ça, ça peut enlever un dixième de point, voire deux dixièmes de point", avertit-il.
L'attention particulière portée au secteur manufacturier "tend à envoyer un message trop optimiste", souligne par ailleurs Dominique Barbet, à BNP Paribas.
Les autres composantes de l'enquête de la Banque de France sont en effet moins brillantes: l'indice représentant le climat des affaires dans les services reste stable à 91 points, et celui du bâtiment se dégrade d'un point à 90 points.
Les deux secteurs restent donc loin de leur moyenne de long terme, à "des niveaux pas compatibles avec une croissance de 0,4%" au premier trimestre, estime M. Martinez, soulignant que le modèle économique de la Banque de France ne tient pas compte des données de la consommation des ménages et du commerce de détail.
M. Barbet juge lui "inquiétante" la baisse des prix dans le secteur des services et la stagnation de l'emploi dans ce secteur, "normalement le plus dynamique" en matière d'embauches.
Il note aussi que "la pression du gouvernement pour réduire les dépenses des collectivités locales pèsera sur les travaux publics pendant des années". L'activité dans la construction a affiché en janvier son 10e mois consécutif de baisse, les carnets de commandes ont continué à se dégrader, tout comme les effectifs et les prix des devis.
L'Insee, qui publiera vendredi le chiffre officiel de la croissance du quatrième trimestre 2014, table sur 0,3% de croissance aux premier et deuxième trimestres 2015.
La Commission européenne a annoncé la semaine dernière qu'elle prévoyait 1% de croissance pour la France en 2015, contre une estimation précédente de 0,7%. L'économie française croîtrait ainsi légèrement moins vite que l'ensemble de la zone euro, pour laquelle Bruxelles attend une progression de 1,3%.
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