Le secret bancaire en Suisse n'a pas seulement permis de frauder le fisc mais également de couvrir des activités criminelles de grande échelle, comme le blanchiment d'argent de la drogue ou le financement du terrorisme international, selon une enquête publiée lundi par la presse internationale, coordonnée par le journal français Le Monde.
Cette enquête, baptisée SwissLeaks, est basée sur les fichiers de la banque HSBC Suisse, dont le siège est à Genève, et volés en 2007 par l'ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani.
Le journal Le Monde a eu accès, par un informateur secret, à ces fichiers, donnant des informations sur plus de 106.000 clients de la banque suisse, provenant d'environ 200 pays.
Le Monde a confié au réseau du Consortium international des journalistes d'investigations (ICIJ) ces données, qui ont été analysées par plus de 140 journalistes issus d'une cinquantaine de médias.
En Suisse, les journaux "L'Hebdo", "Le Temps", "Le Matin Dimanche", le "Tages-Anzeiger" et la "SonntagsZeitung" ont participé à SwissLeaks.
Les fichiers contiennent des informations personnelles sur les clients, les notes des banquiers, et les mouvements de compte.
A la suite de ces publications, des voix se sont élevées en Suisse pour réclamer des poursuites contre HSBC Suisse, jusqu'ici épargnée dans ce pays, alors que des enquêtes sont déjà ouvertes en Belgique et en France.
"Je suis très fâchée" et "l'ouverture d'une enquête "serait la moindre des choses", a déclaré lundi matin Mme Micheline Calmy-Rey, une ancienne ministre socialiste du gouvernement suisse, en ajoutant que l'image de la Suisse a été sérieusement endommagées par cette affaire.
- 'Des manquements du passé' -
De son côté, la banque HSBC Suisse a réagi lundi dans un courriel à l'AFP à ces informations, en disant qu'elles appartenaient "au passé". "Depuis 2008, HSBC a radicalement changé sa stratégie", a ajouté la banque, en reconnaissant avoir eu des "manquements" dans le passé.
Dans ces fichiers figurent les noms de Saoudiens, suspectés d'avoir financé Oussama Ben Laden dans les années 2000, des barons de la drogue, des trafiquants d'armes et des diamantaires véreux.
Selon la banque HSBC Suisse, une nouvelle direction, mise en place après l'affaire du vol de données en 2007, "a procédé à un examen en profondeur des affaires, ce qui inclut des fermetures de comptes de clients qui ne correspondaient pas aux standards élevés de la banque, et la mise en place d'un système très poussé de contrôle interne".
"Ces révélations concernant des pratiques du passé doivent rappeler que ce vieux modèle d'affaires de la banque privée suisse n'est plus acceptable", a conclu la banque suisse.
La banque a ainsi fait le ménage dans son portefeuille clients, qui a subi une sévère cure d'amaigrissement.
Sa clientèle s'est réduite de 70% depuis 2007 et les comptes gérés ne sont plus que 10.000, contre 30.000 il y a 8 ans.
Les avoirs gérés par la banque ont aussi fondu, passant de 118 millions de dollars à 68 milliards fin 2014.
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