Le socialiste Frédéric Barbier a gagné d'une courte tête le duel qui l'opposait dimanche à la candidate du FN, Sophie Montel, au second tour de la législative partielle du Doubs, avec 51,43% des suffrages contre 48,57%, dans un scrutin qui avait valeur de test national.
La plupart des éditorialistes mettent en avant lundi la progression "sidérante" du Front national et non la courte victoire du PS de cette élection dont les résultats résonnent comme un "avertissement" pour les scrutins à venir, aussi bien pour le PS que pour l'UMP.
Frédéric Barbier, 54 ans, permet ainsi au PS de mettre un coup d'arrêt à une série noire de 13 échecs électoraux depuis le début du quinquennat de François Hollande.
Après sa victoire, M. Barbier a déclaré: "Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas; ce succès, je le dois aux forces républicaines". Le député élu de la 4e circonscription occupera le siège de Pierre Moscovici laissé vacant. "Cette élection peut être un tournant de ce quinquennat. Il faut garder l'esprit d'union nationale autour des valeurs de la République", a-t-il ajouté, en référence aux manifestations ayant suivi les attentats à Paris il y a un mois.
"Cette élection n'a pas été facile", a-t-il reconnu. "J'ai une pensée pour le candidat de l'UMP" (Charles Demouge, qui avait recueilli 26,54% des voix au premier tour, NDLR), a-t-il ajouté.
Il a ensuite remercié nommément les ténors de droite et du centre Alain Juppé, Nathalie Kosckiusko-Morizet, Jean-Christophe Lagarde et François Bayou, "qui se sont affranchis" des consignes en lui apportant leur soutien.
L'UMP avait appelé ses électeurs à voter blanc ou à s'abstenir, sans leur demander de faire barrage au Front national. Le parti avait choisi, mardi, d'opter pour le "ni-ni" (ni vote FN, ni vote PS), contre l'avis de Nicolas Sarkozy qui plaidait pour une inflexion, avec un texte appelant à faire barrage au Front national.
De son côté, la candidate frontiste, 45 ans, arrivée en tête du 1er tour avec 32,60% des voix (contre 28,85% à M. Barbier), a reconnu sa défaite, qu'elle a néanmoins qualifiée de "victoire".
"Nous finissons avec environ 49,1%. Les socialistes l'emportent d'une courte tête. C'est une grande satisfaction. Même si on ne gagne pas ce soir, ça sent quand même la victoire", a déclaré Mme Montel à l'AFP.
"Nous voyons voler en éclats le tripartisme car M. Barbier était soutenu par le PS, mais aussi par Juppé, NKM et les autres", a-t-elle estimé, soulignant "un score au rabais pour le PS". "Maintenant, c'est le FN contre le système, contre la caste", a-t-elle prévenu.
- Les électeurs UMP en arbitres -
La mobilisation des électeurs a été nettement plus forte dimanche, avec un taux de quelque 49%, contre 39,5% au premier tour. Sous un ciel gris, les électeurs se sont pressés vers les mairies et écoles de la région.
Un sondage Ifop, publié jeudi, donnait la gauche gagnante dans cette circonscription industrielle et ouvrière, berceau du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën.
Détendu et affichant un sourire en fin de matinée, Frédéric Barbier a voté à Pont-de-Roide, serrant au passage les mains de plusieurs connaissances, a constaté un journaliste de l'AFP.
"J'ai conscience que je suis le seul candidat à voter" aujourd'hui, a-t-il déclaré. La candidate FN, qui habite une commune située à une vingtaine de kilomètres de Besançon et ne votait pas dans la circonscription, avait choisi de visiter une demi-douzaine de bureaux de vote dans l'après-midi. Devant la presse, elle se déclarait alors "assez confiante" sur l'issue du scrutin.
66.826 électeurs étaient appelés aux urnes.
Cette partielle, destinée à pourvoir le siège laissé vacant dans la 4e circonscription par le socialiste Pierre Moscovici après son départ pour la Commission européenne, avait été érigée en test par l'ensemble de la classe politique avant les prochaines départementales. Mme Montel, eurodéputée FN et lepéniste de la première heure, faisait face au vice-président du conseil général du Doubs, homme du terroir.
Pour l'emporter, le candidat socialiste devait compter sur un report de voix des électeurs de l'UMP, après l'échec de leur candidat au 1er tour. Les électeurs de l'UMP se trouvaient donc de facto placés en position d'arbitres pour départager les candidats.
Ce scrutin a attisé les passions politiques jusqu'au plus haut sommet de l'Etat: jeudi, François Hollande s'était impliqué à son tour dans le débat sur la consigne de vote de l'UMP, reprochant au parti et à Nicolas Sarkozy de ne pas se prononcer contre le FN.
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